tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

PAUL ANDRÉ 83
longuement de l'opérette nouyelle montée à l'Alhambra et de la
comédie, très oubliée, reprise au Parc, en Matinée littéraire.
Sur un livret banal et peu divertissant où M. Dumestre a utilisé
quelques-uns des clichés du genre — le quiproquo né de la
présence à Ceylan d'un portefaix parisien et d'un fêtard décavé
échageant leur état-civil dans le dessein de tromper une jeune
fille doiit le noceur s'est épris, — M. Szulc, compositeur de talent,
a écrit nue partition qui ne manque pas d'agrément, et qui parvient
souvent à provoquer la gaîté que le texte est impuissant à
faire naître.
On a fait à ces airs entraînants un joli succès, partagé du reste
par Mmes Germaine Huber et Gérard, divettes toujours fêtées,
par M. Casella, qui a trouvé un rôle tout à fait dans ses moyens,
par M. Urban surtout qui a des trouvailles de drôlerie impayables.
La comédie dans laquelle Mme de Girardin, reprenant, le faisant
changer de sexe, le célèbre type moliéresque, a campé un abominable
personnage en qui s'incarnent toute l'hypocrisie et le besoin de
calomnie dont une femme méchante peut être capable, a beaucoup
amusé et beaucoup ému, tour à tour, les spectatrices fidèles des
matinées littéraires du Parc. Lady Tartuffe était intéressant à reprendre,
ne fût-ce que pour voir de combien peuvent avoir vieilli
des procédés dramatiques vieux de soixante ans et comment pouvait
être demeurés jeunes l'esprit, le mordant d'une femme qui
fut, en son temps, la causeuse et la chroniqueuse la plus étincelante.
PAUL ANDRÉ.
LES SALONS ET LES ATELIERS
Exposition d'une partie de l'œuvre
d'Alfred Delaunois.
Galerie Giroux (11-29 déc. 1913).
Toutes les œuvres de Napoléon Alfred Delaunois sont dans une
même note : monastique. Il est curieux que, passant des moines et
des cloîtres aux paysages, le sentiment de l'artiste soit resté identiquement
le même. C'est la caractéristique d'une personnalité sincère
de marquer tout ce qu'elle touche du même sceau. Delau-