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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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98<br />

UN POÈTE DE LA VIE POPULAIRE<br />

moment la véritable expression <strong>de</strong> sa pensée. Il l'acheva<br />

enfin : puis, lorsqu'il se mit à le relire, il s'aperçut que<br />

sa nouvelle eût pu décourager les hommes et leur laisser<br />

croire, à cause d'une certaine tristesse dont elle était enveloppée,<br />

qu'il n'est pas toujours bon <strong>de</strong> vivre. E ne chercha<br />

pas davantage, ne se posa même pas le problème que<br />

nous nous posons : savoir si une œuvre littéraire est bien<br />

construite et si elle apporte quelque chose <strong>de</strong> nouveau.<br />

Sa nouvelle eût pu décourager ceux qui l'auraient lue :<br />

Max Elskamp la brûla. »<br />

Cet homme d'une exquise simplicité, il fait aimer la<br />

vie, alors même qu'elle ne lui fut pas toujours douce.<br />

J'en sais <strong>de</strong>ux autres dont la fréquentation eut toujours<br />

pour quelques jeunes écrivains <strong>de</strong> Belgique comme la valeur<br />

d'un tonique. Pour Verhaeren, il n'est que <strong>de</strong> l'entendre<br />

parler, <strong>de</strong> le voir agir et s'enthousiasmer. Quant<br />

à ce Camille Lemonnier que nous venons <strong>de</strong> perdre, il<br />

émanait <strong>de</strong> tout son être un tel flui<strong>de</strong>, un tel dynamisme,<br />

qu'il entraînait et réconfortait les plus timi<strong>de</strong>s, les moins<br />

confiants. Il vécut lyriquement, a dit Verhaeren. H avait<br />

en lui d'inépuisables réserves <strong>de</strong> lyrisme. Et voici, qui<br />

d'atteste, une histoire que m'a contée récemment un <strong>de</strong><br />

ses intimes <strong>de</strong> toujours. Je ne résiste pas au désir <strong>de</strong> la<br />

transcrire ici, inci<strong>de</strong>mment. Lemonnier parcourait un jour<br />

en auto, en compagnie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux amis, une vieille province<br />

française. Après un déjeuner dans une petite ville assez<br />

banale qui avait déçu ses compagnons <strong>de</strong> route, il questionna<br />

l'aubergiste, histoire d'émettre <strong>de</strong>s sons, d'extérioriser<br />

son trop plein <strong>de</strong> force vitale dans quelques phrases...<br />

Il s'enquit <strong>de</strong> l'importance du marché, <strong>de</strong>manda ce<br />

qui s'y vendait. « Beaucoup <strong>de</strong> bétail » répondit l'aubergiste.<br />

« Du bétail ! » interrompit Lemonnier, s'exaltant<br />

soudain. « Du bétail ! superbe ! admirable ! » Soyez sûr<br />

qu'à ce moment il voyait <strong>de</strong>s troupeaux <strong>de</strong> bœufs blancs<br />

ou roux envahir la placette <strong>de</strong> la ville. « Beaucoup <strong>de</strong><br />

foin aussi » reprit l'aubergiste. « Du foin ! » s'exclama<br />

l'auteur du Mâle « Magnifique! C'est intéressant, ça! »

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