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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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ARTHUR DE RUDDER 219<br />

aboyant, et les disperse enfin à coups répétés <strong>de</strong> pierres,<br />

puis s'adressant au roi :<br />

« O vieillard dit-il, qu'il s'en est peu fallu qu'à ma porte<br />

tu n'aies être déchiré par ces dogues furieux ! C'eut été pour<br />

moi un sujet <strong>de</strong> douleur et d'opprobre ; et cependant les<br />

dieux ont offert assez <strong>de</strong> matière à ma tristesse et à mes<br />

gémissements. Je consume ma vie à regretter et à pleurer<br />

un maître que ses vertus égalaient aux immortels, je donne<br />

les soins les plus assidus à ses troupeaux, je les engraisse<br />

pour la table somptueuse <strong>de</strong> ses plus mortels ennemis,<br />

pendant que lui-même, privé peut-être <strong>de</strong> nourriture, parcourt<br />

les villes et les champs étrangers : hélas ! Sait-on si<br />

le souffle <strong>de</strong> sa vie n'est pas éteint, si le soleil luit encore<br />

à ses regards. »<br />

Il fallait relire ce passage <strong>de</strong> l'Odyssée avant d'étudier<br />

l'œuvre <strong>de</strong> Gerhard Hauptmann pour bien saisir les différences<br />

qui existent entre l'Arc d'Ulysse et son modèle<br />

immortel. La Grèce et l'Italie exercèrent sur presque<br />

tous les écrivains <strong>de</strong> l'Allemagne une singulière influence.<br />

Il en est peu, parmi les plus grands, qui n'aient brûlé<br />

quelques grains d'encens sur les autels <strong>de</strong>s dieux antiques.<br />

Ils n'ont pas imité servilement, ils ont adapté, et souvent<br />

avec une extraordinaire liberté. Depuis la Fiancée <strong>de</strong> Messine<br />

<strong>de</strong> Schiller et l'Iphigénie en Tauri<strong>de</strong> <strong>de</strong> Goethe jusqu'à<br />

l'Elektra fameuse <strong>de</strong> Hugo von Hoffmannsthal, on<br />

peut suivre la trace <strong>de</strong> ces affabulations germaniques. Notre<br />

goût <strong>de</strong> latin se sent parfois froissé. Nous avons un plus<br />

grand respect <strong>de</strong> l'antiquité et <strong>de</strong> ses gloires, mais pouvonsnous<br />

dire pourtant que nous avons pour elles un culte aussi<br />

ar<strong>de</strong>nt. L'Allemand nébuleux se sent invinciblement attiré<br />

vers les clartés méditerranéennes. Il les aime <strong>de</strong> tout<br />

l'ennui qui pèse sur ses cieux lourds.<br />

Les poètes allemands <strong>de</strong> notre époque s'efforcèrent <strong>de</strong><br />

matérialiser, pour ainsi dire, les belles légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'antiquité.<br />

De l'Olympe ils les firent <strong>de</strong>scendre sur la terre. Ils<br />

les entourèrent d'un réalisme souvent excessif. Et, choisissant<br />

<strong>de</strong> préférence les aventures les plus tragiques, ils

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