tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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VICTOR CHAUVIN
l'ordinariat, puis, en 1885, il fut encore chargé du cours
d'histoire ancienne de l'Orient.
L'enseignement des langues sémitiques à l'Université
de Liège ne comporte pas, pour les élèves, de cours obligatoires,
les grades en langue sémitique n'existant pas
en Belgique ; il n'attire qu'une élite rare. A ces jeunes
gens, M. Chauvin sut communiquer le goût des études
orientales et c'était l'idéal du Maître de former des élèves
qui pussent un jour le dépasser. Si ces cours n'avaient pas
l'éclat grandiloquent, ni le concours nombreux d'auditeurs
tout prêts à applaudir, dans leur intimité discrète,
ils en avaient plus de profondeur ; il n'était pas une remarque,
par un détail sur lequel le professeur n'insistât
et ses élèves devenaient bientôt des disciples à qui l'homme
de cœur ouvrait souvent des horizons ignorés.
Par les relations personnelles qu'il s'était formées dans
tous les centres intellectuels, par sa collaboration aux revues
d'érudition belges et étrangères, non moins que la
nature des diverses questions qu'il a traitées, l'importance
de ses travaux philologiques, juridiques, historiques, folkloriques,
Victor Chauvin, fut dans toute la force du terme
un savant remarquable. Sa traduction de l'Essai sur l'histoire
de l'Islamisme, de l'orientaliste hollandais Dory, est
citée par la critique avec beaucoup d'éloges. Ses contributions
à l'histoire du droit musulman, ses études sur les
contes arabes ont dans le monde savant une réputation
indiscutable. Dans le domaine juridique, son excellent
mémoire sur la constitution du code théodosien sur les
agri deserti et le droit arabe donnent la solution du problème
historique des « agri derelicti » laissés aux vétérans.
Mais l'œuvre qui fut le labeur capital, la joie et l'espérance
de sa vie fut sa remarquable Bibliographie arabe
sur laquelle nous donnerons plus loin quelques détails intéressants.
Bien que les études de Victor Chauvin fussent situées
loin du grand public, sa notoriété était grande parmi ses
concitoyens. C'est qu'il était plus encore qu'un grand