tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

AUGUSTE VIERSET 49
venue vous dire que je suis votre femme... C'est bien
triste, notre amour. Mais c'est de l'amour tout de même,
de l'amour que vos scrupules et vos souffrances ont
grandi. J'ai bien réfléchi ; et je ne me sacrifie pas. J'accomplis
notre destinée. »
Cela m'amène à parler de la jeune fille dans l'œuvre
de Vanzype.
A part l'Henriette de l'Echelle, petite hypocrite égoïste
et sournoise, et la Clotilde du Gouffre, spirituellement
dessinée, mais troublante de perversité, ses héroïnes sont
loyales et franches, incapables de compromissions, ignorantes
des calculs, des dissimulations, des fausses pudeurs,
inexpertes aux roueries « féminines », et bravant au
besoin les conventions sociales dans la droiture de leur
âme, la clarté de leur esprit ou l'indignation de leur honnêteté
foncière. C'est le « mens sana in corpore sano »
avec tout ce que peuvent y ajouter la grâce naturelle,
la simplicité des manières, la spontanéité de l'instinct.
Comme Christine vis-à-vis de Ruyenne, c'est Jeanne,
dans Le Patrimoine qui déclare son amour à Fernand
Chermet, l'ingénieur. Dans Tes Père et Mère... c'est Germaine
qui, en présence de son timide amoureux, fait à
sa place la demande en mariage. Et quand elle reproche
à son père sa liaison coupable, quand elle chasse sa complice,
quand elle a, avec ses parents une explication douloureuse,
c'est avec la même fermeté, la même décision, la
même logique implacable. Certes, elle peut paraître ingénue
jusqu'à l'invraisemblance; et l'auteur, par la bouche
d'un de ses personnages, semble en convenir ; mais, comme
dit l'oncle Jean : c'est une brave enfant, d'esprit bien
portant et clair, et c'est chose si rare !
Et la Maximilienne des Liens est de la même race, elle
qui, n'ayant pu résister à l'instinct de l'amour, déclare
devant tous : « J'ai honte, si... j'ai honte d'avoir succombé,
de n'avoir pas attendu l'heure, qui serait venue,
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