tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

ARTHUR DE RUDDER 61
leux, les fresques décorant les murs, les motifs sculpturaux
ornant les pendentifs nous rappellent que si des moines
vivaient dans ce couvent ils y étaient les favoris, en quelque
sorte les courtisans de la divinité et qu'ils participaient
à sa splendeur.
Aujourd'hui deux des salles capitulaires sont transformées
en une galerie de peinture, et celle-ci est une des
plus belles de l'Espagne. Les amateurs d'art qui veulent
connaître le Gréco, n'auront pas suffisamment apprécié
son génie s'ils ont négligé de visiter ce petit musée qui ne
contient pourtant qu'une centaine de tableaux, mais quelles
œuvres, réunissant les plus grands noms, représentant
toutes les écoles.
Le musée de l'Escurial contient une des œuvres capitales
du Gréco, son Saint-Maunce refusant de sacrifier aux
dieux. La composition est impressionante et elle offre,
de plus, un des exemples les plus curieux de l'extraordinaire
coloris du peintre. Toutes ses violences de couleur
se retrouvent ici, dans un sujet traité avec une maîtrise
remarquable. Le sentiment mystique n'est pas sacrifié au
réalisme humain. Ces deux éléments de l'art étrange du
Gréco sont ici réunis pour produire un effet incomparable.
Je dirai même que ce tableau est la caractéristique de
toute la peinture espagnole par la représentation qu'elle
nous donne de ce réalisme et de cet idéalisme. Plus loin,
une composition suggestive entre toutes celles du Gréco, le
Rêve de Philippe II, document puissant de la mentalité de
l'artiste et du prince.
Le grand Roger Van der Weyden figure à l'Escurial
avec une de ses œuvres les plus justement célèbre, la fameuse
Descente de Croix où tant de pitié s'allie à l'expression
de la douleur, une beauté si pure à tant d'observation
exacte et précise du sentiment.
Luca Giordano qui fut appelé par Philippe II en Espagne
a laissé là quelques-unes de ses œuvres les plus marquantes.
C'est à l'Escurial qu'il faudrait peut-être l'étudier.
Son Annesse de Balaam, sa Sainte Madeleine, sa