tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

48 GUSTAVE VANZYPE
l'homme et l'isole dans la nature obéissante, lui ôte les
grands élans que donne la conscience d'une totale communion
des vies.
Dans leur instinct et leur raison à tous deux, des clartés
grandissent, illuminent tout, font naître des significations
profondes à tout ce qu'ils voient. Ils comprennent que
l'enfant est une conquête, la seule qui soit possible à
l'homme sur la mort; et l'œuvre de rénovation se parachève,
notée en ses étapes, par l'auteur, avec une subtile
pénétration, une émotion discrète et une sereine hauteur
de vue.
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A la trame de son roman, Gustave Vanzype a habilement
mêlé les fils d'une pure, et noble, et un peu triste
histoire d'amour : l'idylle de Ruyenne et de Christine.
Christine, jeune fille grande et brune, à l'attitude simple,
au corps souple, aux traits harmonieux, aux yeux
lumineusement limpides, aux lèvres toujours entr'ouvertes
; Ruyenne, intelligent et fin, cachant sous un scepticisme
railleur, un pessimisme souriant les doutes de son
âme, l'amertume et le désenchantement que lui a laissés
une vie de noce élégante et de conquêtes faciles.
La sollicitude maternelle, souriante et heureuse de Christine
pour son neveu, son intuitive aisance à le soigner, la
pensée confuse qu'elle pourrait être sa femme, que cet
enfant pourrait être le sien donne à ce blasé la fugitive
tristesse de la vision d'un bonheur échappé, en même
temps que la nette perception de l'amour qu'il ressent
pour elle. Mais il se croit un homme usé ; il a en outre,
d'une de ses relations de hasard un enfant dont la mère
est morte, dont il s'occupe en secret et qu'il ne pourra
jamais reconnaître. Il se sent indigne de Christine, qui
l'aime, elle aussi, et réagissant avec brutalité, il s'efforce
de la détacher de lui. Christine souffre de ce revirement,
en apprend par Paul la raison, et quand Ruyenne veut lui
faire ses adieux, elle répond d'un voix ferme : « Je suis