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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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EN MARGE D'UN LIVRE<br />

sion d'une possibilité <strong>de</strong> l'immortalité <strong>de</strong> la conscience<br />

personnelle.<br />

Dès lors il ne reste qu'une solution : la survivance dans<br />

la conscience universelle ou avec une conscience autre que<br />

celle dont nous jouissons en ce mon<strong>de</strong>. C'est la seule possible<br />

— si immortalité il y a. Car la survivance sans aucune<br />

espèce <strong>de</strong> conscience équivaudrait pour nous à l'anéantissement.<br />

Il semble que le lecteur assez dégagé <strong>de</strong>s idées traditionnelles<br />

pour juger à sa juste valeur le secret désir <strong>de</strong><br />

survivance individuelle qui habite en nous, désir qui influence<br />

et fausse les déductions, penchera vers l'hypothèse<br />

<strong>de</strong> la survivance dans la conscience universelle, le retour<br />

<strong>de</strong> l'esprit à un fonds cosmique, réservoir où puiserait la<br />

nature pour former les êtres pensants. Cette idée a été<br />

préconisée par plus d'un philosophe. Et même cette solution,<br />

qui cependant n'offre que <strong>de</strong> faibles satisfactions<br />

à nos aspirations à l'immortalité, rencontre <strong>de</strong> très sérieuses<br />

objections.<br />

Personne ne met en doute la perfectibilité <strong>de</strong> l'espèce<br />

humaine. Les générations futures nous seront supérieures,<br />

moralement. Mais on ne se représente pas, faute d'y avoir<br />

réfléchi, que la mentalité <strong>de</strong>s hommes, dans une trentaine<br />

<strong>de</strong> siècles, sera aussi loin <strong>de</strong> la nôtre, que la nôtre l'est<br />

<strong>de</strong> celle d'un Assyrien, plus loin même, puisque l'évolution<br />

a une incontestable tendance à l'accélération.<br />

Cette vérité va à l'encontre <strong>de</strong> l'habitu<strong>de</strong> que nous<br />

avons <strong>de</strong> considérer l'actuelle humanité comme un aboutissement,<br />

un sommet. Notre sensibilité, nos mœurs, nos<br />

institutions, notre art, nous les croyons définitifs sinon<br />

dans leur forme, du moins dans leur essence. Avec une<br />

présomption ingénue, qui fait sourire le philosophe, nous<br />

proclamons Gœthe et Beethoven immortels, sans nous<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qui restera <strong>de</strong> Gœthe quand les langues actuelles<br />

auront disparu, ayant cédé la place à d'autres, plus<br />

parfaites ; ce qui restera <strong>de</strong> Beethoven quand la musique<br />

d'aujourd'hui sera <strong>de</strong>venue un art incompréhensible, la

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