tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

156 LE DEAME ET L'OPÉRA
frappé de l'air naïf et doux de l'adolescent et aussi de son repentir
si spontané, s'intéresse à lui.
Instruit de certaines prophéties qui prédisent la rédemption du
Graal et la guérison du Roi par un pur, un simple, un ingénu, il
entraîne Parsifal dans le temple et le fait assister aux mystères
sacrés. L'enfant n'ayant rien compris à ces étranges cérémonies est
honteusement chassé du temple par celui qui l'y avait conduit.
Parsifal après de périlleuses aventures et de fameux exploits,
ayant gardé la pureté du cœur et la chasteté du corps, se sent
invinciblement attiré vers le Graal et s'en retourne vers lui.
Klingsor, le chevalier qui avait aspiré à entrer dans la confrérie
du Graal, s'en est vu banni à jamais pour s'être mutilé comme
Origène, l'exégète et théologien d'Alexandrie, dont la continence
sans mérite fut condamnée par les conciles. Klingsor maudit, veut
se venger du chapitre du Graal, il se livre à la magie dans un
château enchanté qu'il a élevé aux confins du domaine de Montsalvat,
il use de tous les stratagèmes pour y attirer les chevaliers du
Graal et leur faire perdre la vertu qui fait leur force.
Parsifal égaré dans les jardins féeriques est en proie aux sollicitations
amoureuses des filles fleurs, aux tentatives charnelles de la
sorcière Kundry. Le souvenir du temple du Graal, la pitié que
lui a inspirée Amfortas le font triompher de ces épreuves. Il reconquiert
la lance sacrée, le château maudit s'écroule. Parsifal s'en va
vers le Graal. Chemin faisant il rencontre Gurnemanz, courbé par
l'âge, et qui vit en ermite loin du temple, que n'illumine plus le
pouvoir divin du Graal, dont Amfortas ne veut plus remplir l'office.
Il reconnaît Parsifal, il reconnaît la lance sacrée, ensemble
ils se rendent à Montsalvat où l'on célèbre les funérailles du Titurel,
dont l'âme a quitté le corps, n'étant plus ravivée par les rayons
du Graal. A la vue de la lance, les chevaliers se prosternent, Amfortas
touché par l'arme sainte est subitement guéri et recouvre
la paix spirituelle avec le pardon du péché. Mais il a perdu la royauté
du Graal, Parsifal prend sa place et conduira dorénavant la confrérie
vers les célestes destinées.
Telle est la donnée dramatique de l'ouvrage, qui au point de vue
théâtral, quoiqu'en disent les critiques français qui, depuis quelques
temps, se sont plu à contester la valeur de " Parsifal " et à
lui assigner dans la prestigieuse série des œuvres de Wagner un
rang inférieur à « Tristan » et aux « Maîtres chanteurs » atteint
à la plus puissante des maîtrises. Le théâtre vit de contrastes, les
six tableaux de " Parsifal " que l'on compare volontiers aux panneaux
d'un polyptyque de la peinture primitive, subjuguent par leurs
oppositions si poétiquement juxtaposées. Après le prélude, qui