tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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PHRASES
solitude. Je suis un sultan, n'est-ce pas, que des esclaves
s'efforcent d'amuser. Et cela les amuse. Laissons-les :
Je comprends que les choses s'ennuient, à la fin, à force
de ne rien faire. Laissons-les me combler de soins. Ne
soyons pas froissés de ces bonnes intentions. Elles sont
inoffensives : Je sais bien, moi, que je ne suis pas très
heureux.
Le temps passe.
Remontrance.
J'ai appelé mon petit frère, et je lui ai dit : — « Mon
gros, tu vas avoir seize ans, ce n'est plus le moment d'être
sincère. Assieds-toi là, et écoute.
» Il n'est pas défendu d'être sincère. Aucune loi ne
l'interdit. Mais cela est bon pour les petits enfants ! Il
n'est pas défendu non plus de mettre ses doigts dans son
nez.
» Tu goûtais la douceur de dire tout bêtement ta pensée,
et maintenant tu verras qu'il est très agréable de
dire autre chose. Regarde : Quand on habille un enfant
comme un petit singe, en lui mettant un costume écossais,
ou tyrolien, que sais-je, — il n'a pas l'air, pour cela,
d'être déguisé. Mais habille-toi de la sorte, et cela devient
du carnaval. Et si je m'habille comme ça, moi, ce sera
encore bien plus amusant. Le déguisement ne prend toute
sa valeur que chez l'homme adulte. Chez l'enfant, c'est
gentil, tout au plus. Les enfants mentent, mais ils ne connaissent
pas la volupté de mentir. Ce sont des enfants.
» Il faut diviser les gens en deux classes : Ceux avec
qui l'on a plaisir à être comme on est, et ceux avec qui
l'on a plaisir à être autrement. Considère que la première
classe est tout idéale. Avec moi, par exemple, qui suis ton
ami, il semble que tu puisses te montrer sincère. Eh ! bien,
tu vois, quand tu te hasardes, comme tout à l'heure, à
émettre un avis qui m'est désagréable, cela me fâche.
C'est pourquoi je te fais ce sermon. Et tu n'éprouves nul
plaisir, car tu es fâché de me voir fâché. Mais il y a un