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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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AUGUSTE VIERSET 217<br />

ces qualités si complexes. Mais il n'en reste pas moins que<br />

c'est l'histoire d'une jeune et belle artiste, sculpteur <strong>de</strong><br />

talent, à qui il faudrait encore cinq à six années <strong>de</strong> labeur<br />

acharné pour atteindre à la maîtrise, et qui, en apprenant<br />

que la tuberculose l'emportera avant cela, détruit l'œuvre<br />

commencée et va se livrer au premier venu, au bal <strong>de</strong>s<br />

Quat'-Z'Arts. Oh ! elle explique elle-même qu'elle a commis<br />

ce crime monstrueux pour mettre l'irréparable entre<br />

elle et son fiancé. Mais c'est aussi parce qu'elle veut se<br />

gorger <strong>de</strong> tout, se confondre avec tout, jeter son corps en<br />

pâture à ses instincts et son esprit à la connaissance...<br />

C'est parce qu'elle ne peut pas être la Mimi sentimentale<br />

qui pleure et meurt en respirant un bouquet <strong>de</strong> violettes<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sous. Elle possé<strong>de</strong>ra la vie, et se brûlera à sa flamme<br />

! Et elle se suici<strong>de</strong>ra sur un lit <strong>de</strong> roses, après une<br />

fête, plutôt que d'accepter l'humiliation <strong>de</strong> la maladie.<br />

La mise à la scène d'un tel sujet, c'est la revendication<br />

pour le théâtre du droit absolu à l'immoralité. Et que<br />

cela ait fait scandale, cela s'explique parfaitement sans<br />

qu'on ait besoin <strong>de</strong> recourir aux intrigues <strong>de</strong>s envieux et<br />

<strong>de</strong>s concurrents.<br />

Quels que soient les droits sacrés <strong>de</strong> l'art, il n'est pas<br />

vrai qu'ils puissent être réclamés aussi bien par le dramaturge<br />

que par l'écrivain. Car si le lecteur choisit <strong>libre</strong>ment<br />

ses livres, l'amateur <strong>de</strong> théâtre subit les pièces qu'on lui<br />

impose. Il entendra prôner le scepticisme, bafouer l'idéal,<br />

exalter quelque vice sans pouvoir toujours discerner sous<br />

l'exagération romantique la véritable signification <strong>de</strong> l'œuvre<br />

et si l'auteur a manié l'ironie, le cynisme, la satire<br />

ou le symbole. C'est pourquoi celui-ci ne peut se désintéresser<br />

<strong>de</strong> l'influence que son œuvre peut exercer sur l'esprit,<br />

le cœur ou la conscience du spectateur.<br />

Au reproche d'amoralité, M. Bataille, dans sa préface<br />

à la Marche nuptiale a objecté que toute œuvre d'art, tableau,<br />

statue, roman a le droit strict <strong>de</strong> n'être que purement<br />

plastique; mais il n'a point parlé <strong>de</strong> l'œuvre dramatique.<br />

Il a fait entendre nettement, il est vrai, que ses

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