tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

296 LES FAITS ET LES IDÉES
çois d'Assise, le « petit pauvre » de Dieu, qui dans une
époque ivre de luxe et oublieuse des émotions religieuses
rouvrit les sources du sentiment 'évangélique qui parais­
sait tari. Plus tard, quand la Renaissance païenne menaça
de dessécher le christianisme, la Réforme vint réveiller
la foi et passionner les cœurs. Ce fut son œuvre du moins
dans le peuple, si trop souvent chez les grands elle se
borna à servir des ambitions politiques. Et par contre­
coup elle réveilla l'esprit religieux aussi dans l'Eglise ca­
tholique avec les disciples de Loyala et les Jansénistes !
Qu'en sera-t-il de nos jours? Tout dépendra de l'effet
que produira la croisade nouvelle. Telle qu'elle est aujour­
d'hui, elle est tout intellectuelle et politique. Si elle en
reste là, elle ne produira que du vent, — Verba et Voces.
Ce que le monde attend, ce sont de vrais apôtres, de nou­
veaux François d'Assise capables d'entraîner passionné­
ment les cœurs au mépris de l'or et au culte de l'idéal
désintéressé. Verrons-nous cela? Je crois volontiers avec
Georges Sorel que l'Eglise catholique renferme des héros
latents d'idéalisme. Mais dans l'étroite disciplime où elle
étouffe aujourd'hui l'apparition d'un nouveau Poverello
paraît assez invraisemblable. Le mouvement partira peut-
être d'une autre église chrétienne ou d'un foyer laïc. Qui
sait?... En attendant, on remplace le tango par la furlana.
Et moi aussi, disciple du bon Horace, je disserte sur la
Vertu en fumant un bon cigare roulé à la Havane pour
les gourmets. Hélas de nous!
IWAN GlLKIN.
P. S. —Mon article du 16 janvier, sur la critique belge et le
théâtre national, a suscité de l'émoi et des protestations. L'un de
mes vieux amis m'a pris personnellement à partie dans l'organe
du « Syndicat des Auteurs Dramatiques». Je ne répondrai pas
un mot aux... amabilités qu'il me décoche, ne voulant point
laisser dégénérer en querelle personnelle une belle lutte littéraire.
Je me bornerai à faire remarquer qu'autrefois, dans les
combats de la Jeune Belgique, nous luttions côte à côte, du même
côté de la barricade. Il a passé de l'autre côté, je le regrette
pour lui. I. G.