Manfredi Guido Maria Conforti - saveriani.com

concours, avec peu d’exemption, aussi pour assurer un meilleur contrôle sur les interventions des
laïcs dans l’approvisionnement des paroisses. Les concours étaient désormais entrés dans la
mentalité du clergé ; avec une série de rituels typiques et l’importance que lesdits « examinateurs
pro-synodaux » prenaient. Ceux-ci étaient des prêtres cultivés et experts qui, à tour de rôle et en
commission corrigeaient les concours et cotaient. Ils prenaient aussi en considération les titres
obtenus avec fidélité aux retraites spirituelles, à la participation à la commission des études des cas,
à l’engagement au confessionnal, etc.
Quels étaient les critères selon lesquels un prêtre choisissait de se présenter en misant sur
l’une ou l’autre paroisse Il est difficile d’en donner une synthèse car l’aspect subjectif était très
élevé. Les entrées économiques étaient un argument important, mais aussi la commodité dans les
contacts, l’emplacement (la ville était très sollicitée), les structures (Eglise et presbytère), la
proximité avec la famille d’origine…. Ce sont des dynamiques très humaines dont Conforti devait
tenir compte.
COMMENT GERER UN TERRITOIRE DIFFICILE : LE CAS DE CORNIGLIO ET
MONCHIO
Il est presque impossible relater l’histoire du rapport entre Conforti et son clergé. Ce sont des
relations personnelles qui sont très difficiles à documenter dans la plupart des cas. Souvent ce sont
des cas difficiles qui émergent et, par conséquent, le regard historique risque d’être en partie faussé.
Avec un peu de prudence, nous essayerons de souligner le style de Conforti dams sa relation avec
ses prêtres engagés dans la pastorale. Il s’agit clairement de voir l’ensemble de critères, attentions,
méthodes, moments et instruments qui s’entrelacent de façon complexe. Nous préférons donner une
idée plus concrète sur la manière dont Conforti essayait d’affronter un ensemble de problèmes pour
ensuite retrouver son style dans d’autres situations.
Nous pouvons commencer par un territoire que nous avons déjà évoqué en parlant du
concours des paroisses vacantes. Il s’agit de Corniglio, dans la zone supérieure, avec le territoire qui
porte le même nom, une commune très vaste à plus de 50 km au sud de Parma. Avec ce vicariat qui,
au temps de Conforti comptait 18 paroisses, reparties en deux doyennés : Corniglio avec 13
paroisses et Beduzzo avec 5 paroisses, nous tenons à l’œil aussi Monchio delle Corti (Haute vallée
de Cedra, un torrent, affluent de Enza) avec ses 11 paroisses en dessous ou au niveau de 800 m
d’altitude…. Monchio est relié à Corniglio par Ticchiano situé à 1154 m d’altitude, partageant la
vallée du torrent Bractica et Tizzano Val Parma, avec 9 paroisse comprenant38 communautéS
chrétiennes allant jusqu’à 90 km du centre du diocèse. Comme l’on a déjà constaté, les curés ne
choisissaient pas d’aller là volontiers ; les paroisses étaient très pauvres, isolées et sans
infrastructures, loin de Parma. Conforti en savait quelque chose depuis l’époque de son très cher
ami, don Giuseppe Venturini qui, à peine ordonné, avait été envoyé comme directeur spirituel à
Petrignacola, localité de 300 fidèles, à 600 m d’altitude, à 9 km de Corniglio, avec une belle église à
l’art roman.
S’il y avait des paroisses vacantes, il fallait les chercher là-haut ! Qui dit paroisse vacante
signifiait aussi chercher quelqu’un qui pourrait assurer au moins la messe du dimanche pour
permettre aux fidèles d’accomplir leur précepte, qui en cas d’urgence pouvait administrer les
sacrements à un mourant, le baptême à un nouveau-né en une journée d’hiver avec le risque le
mortalité infantile qu’il y avait à l’époque ; qui pouvait organiser et gérer la catéchèse pour les
enfants. On doit tenir compte que dans ces zones, les liens avec la tradition religieuse étaient très
forts et les gestes des pratiques religieuses chrétiennes encore plus. Par ailleurs, elles constituaient
les zones les plus pauvres des Apennins, avec une migration, selon les saisons, des hommes et des
jeunes vers Marammea en Toscane et en Corse, pour fendre le bois et les enfants pouvaient paître
les brebis. L’alimentation était basée sur les produits laitiers et les castagnes.
Nous avons une vision d’ensemble de la situation en 1921 : le curé de Valditacca, don
Giovanni Pellegri desservait aussi Rimagna, à 6 km de distance, par la brousse, jusqu’à Trefiumi.
Manfredi - 119 – G.M. Conforti