Manfredi Guido Maria Conforti - saveriani.com

Ce n’est pas beaucoup, mais quant même ce n’est pas néant. Bien sûr, si les témoins,
Bonardi en particulier, collaborateur de Conforti pour des années, rappellent ces livres, il est fort
probable qu’ils aient à l’esprit une allusion, une référence personnelle reçue de Conforti. Donc,
nous pouvons hypotiser que ceux-ci soient des textes « chers » à notre homme. Sans doute il en aura
lu d’autres aussi, comme il était habituel alors dans les séminaires, dans les pratiques de la
« méditation » matinale et de la « lecture spirituelle ». Mais, alors tout comme aujourd’hui, il
s’agissait surtout de textes « de consommation », petits traités de dévotion utiles mais pas immortels
ou, du moins, pas si bien rappelés par celui qui les a utilisés. Ce qui nous est transmis, sous le nom
de De’ Liguori, par l’apport de la dévotion au Sacré Cœur et de l’hagiographie jésuite, par
l’Imitazione, nous offre un trajet spirituel répandu dans les séminaires de l’époque, solide et
traditionnel, fortement christocentrique, attentif aussi à l’aspect affectif et pas seulement à l’ascèse,
ayant une veine missionnaire grâce à Xavier mais aussi à De’ Liguori.
Une fois réuni ce peu d’information sur les sources « écrites », ou plutôt imprimées, de la
spiritualité du jeune Conforti, nous ne pouvons pas oublier que la physionomie intérieur d’un jeune
homme est modelée pas seulement par les lectures mais aussi, et sous certains aspects surtout, par la
prédication orale, très fréquente au séminaire, et par l’accompagnement du « père spirituel ». C et t e
figure, avec celle du recteur, est assurément l’origine de la plupart des traces imprimées dans le
profil spirituel des jeunes séminaristes. Malheureusement, il est toujours plutôt difficile que de cette
œuvre presque quotidienne il reste une trace documentaire. Avec le recteur Ferrari, qu’auparavant
nous avons essayé de décrire de façon synthétique, dans les années du séminaire furent directeurs
spirituels du « grand séminaire » le jésuite Labadini du 1879 au 1881, l’abbé Giovanni Orsini (au
moins du 1884 au 1886), ensuite l’abbé Francesco Musetti (pour une seule année, en 1886-1887), et
encore l’abbé Francesco Grassi (1887-1891). A ce moment il nous est impossible de cueillir des
nuances particulières de la spiritualité de ces figures de pères spirituels.
Un autre moment déterminant pour le surgissement et l’établissement d’un profil spirituel
personnel est le temps des exercices spirituels. Dans ce cadre se situent les « résolutions juvéniles »
recueillies déjà par Teodori dans le sixième volume de ses sources confortiennes. Il s’agit de textes
de résolutions rédigées normalement par de courtes phrases au futur (« je ferai », j’éviterai »),
organisées en des listes et souvent écrites sur de petites feuilles de papier ou sur de petits cortons à
garder dans le bréviaire ou dans le livre de prière le plus utilisé. C’est un genre littéraire bien connu
(peut-être peu étudié), pratiqué encore aujourd’hui. Dans le clou des exercices spirituels l’on est
invité à recueillir de façon synthétique les engagements, à revoir au long de l’année, par une
certaine régularité (chaque semaine, ou bien dans la récollection mensuelle), afin de mesurer le
parcours accompli et les lacunes ou difficultés à dépasser encore. La méthodologie qui est à la base
de cette pratique est plutôt élémentaire et efficace, car elle permet en effet de faire une sorte de
« stabilisation » des intuitions et des objectifs. L’expérience montre que la méthode de la liste des
résolutions, probablement fort répandue, était assurément proposée notamment par les prédicateurs
jésuites, selon un style pas codifié, mais, croyons-nous, transmis oralement par ceux qui étaient
entraînés aux « exercices » de saint Ignace de Loyola. Et jésuites étaient souvent les prédicateurs de
ces semaines de formation spirituelle intense.
La comparaison entre ces premiers écrits personnels de Conforti et d’autres textes utilisés
par lui au temps de la formation nous permet d’identifier certaines articulations et traits de son
profil intérieur, et aussi d’indiquer des germes intérieurs vitaux qui vont se développer dans la suite
de son histoire personnelle.
L’ensemble des directives que le jeune séminariste donne à son engagement de croissance
spirituelle semble ne pas avoir des traits originaux, comme il est obvie que ce soit dans un âge et
dans un parcours à apprécier plus pour les élans d’enthousiasme et de poésie que seulement
l’expérience de vie peut offrir pour faire des choix. Voilà quelques-unes des articulations plus haut
mentionnées : l’acquisition de la régularité dans la vie de prière ; l’identification des « points
faibles » de sa propre structure et l’application ascétique de les contrecarrer par la norme célèbre de
agere contra et par une particulière attention au domaine affectif, sans hésiter d’utiliser les
Manfredi - 24 – G.M. Conforti