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Manfredi Guido Maria Conforti - saveriani.com

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assimilée par la formation spirituelle du séminaire. Nous pouvons seulement citer ces quelques<br />

lignes pour donner une idée du concept idéal du prêtre :<br />

« Nous admirons, ô frères, le pouvoir du prêtre qui est égal à celui du Christ et supérieur à<br />

celui des anges. A l’autel et au tribunal de la pénitence, le prêtre perd d’une certaine façon sa<br />

propre personnalité pour assumer celle de Jésus Christ en s’identifiant avec lui. En fait, avec l’acte<br />

de consécration, il ne dit pas « ce pain se change en corps et ce vin en sang », mais par contre<br />

« ceci est mon corps, et ceci est mon sang ». Et ainsi, imposant la main droite sur la tête du<br />

pénitent, il ne dit pas encore « Le Seigneur te remet tes péchés » mais plutôt « Je t’absous de tes<br />

péchés » parce qu’en ces moments solennels, il personnifie Christ, et il œuvre au nom et avec<br />

l’autorité même du Christ ».<br />

La distance entre l’idéal et la réalité concrète que <strong>Conforti</strong> devait affronter chaque jour<br />

risquerait évidemment de dégénérer en vrai et propre schizophrénie ou en idéalisme qui nie<br />

l’évidence. Mais ce n’est pas ainsi. Comme on peut le noter à partir des passages cités, et de la plus<br />

<strong>com</strong>plète doctrine de <strong>Conforti</strong> sur le sacerdoce, l’idéal est profondément enraciné dans la<br />

conception des sacrements <strong>com</strong>me une donnée objective. Le prêtre est une figure tellement élevéE à<br />

raison du sacrement de l’Ordre et du service de l’administration des sacrements en particulier<br />

l’Eucharistie et la Pénitence. Maintenant cette conception théologique était pour <strong>Conforti</strong> une vérité<br />

profondément crue et vécue, et elle devenait une clé de lecture du concret aussi décevant et limité<br />

qu’il rencontrait chaque jour. Ses prêtres, tout en considérant leurs limites humaines et leurs erreurs<br />

morales, ne cessaient pas d’être investis du pouvoir sacramentel et du mandat de célébrer pour<br />

rendre accessible le salut. La conception de l’ « ex opere operato » devenait une reconnaissance<br />

d’une dignité qui ne pouvait pas se perdre en aucun cas.<br />

Voilà alors l’effort continu et fébrile de récupération des prêtres « lapsi » directement ou à<br />

travers d’autres prêtres de confiance et la pleine disponibilité ò recueillir et à offrir une autre<br />

possibilité à ceux qui s’étaient éloignés. Mais à travers cette conception, on explique aussi la<br />

sévérité objective de <strong>Conforti</strong> devant les attitudes et les choix qui contredisaient le mandat<br />

sacramentel et le devoir de la charité pastorale : « pour cela, le prêtre qui a le cœur insensible,<br />

dominé par l’égoïsme, qui n’a pas de palpitation pour les frères, est un monstruosité ».<br />

La distance, déjà présente par structure dans la conception sacramentelle du sacerdoce entre<br />

l’idéal et la réalité, permit à <strong>Conforti</strong> (et nous pouvons dire avec lui beaucoup d’autres personnes,<br />

hommes et femmes d’Eglise du 19°-20° siècles) de regarder ses prêtres avec une certaine sérénité.<br />

Si le prêtre est l’homme du peuple, élevé à la dignité extraordinaire du sacrement n’est pas exempt<br />

de toute misère humaine. Et ses misères humaines ne sont pas oubliées par <strong>Conforti</strong> dans ses<br />

exhortations, même si elles sont décrites avec une extrême réserve, <strong>com</strong>me cela est typique dans le<br />

langage ecclésiastique de l’époque. Une particularité digne d’être soulignée est celle-ci : Parmi les<br />

attitudes erronées à éviter, <strong>Conforti</strong> revient sur l’utilisation individualiste et avare de l’argent et sur<br />

l’attitude rigoriste surtout à l’égard de ceux qui auraient abandonné la pratique religieuse <strong>com</strong>me on<br />

lit dans la lettre de 1913, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son ordination<br />

sacerdotale.<br />

Il s’agit donc de la spiritualité de l’objectivité sacramentelle, une note caractéristique, à mon<br />

avis, de la structure intérieure de <strong>Conforti</strong> qui lui permit, avec les catégories de son temps de gérer<br />

les problèmes de la vie quotidienne sans perdre la confiance et la tension idéale.<br />

Dans cette fatigante conjonction entre l’idéal et la quotidienneté, unie à la vision théologicospirituelle,<br />

il y avait aussi un autre élément qui permettait à <strong>Conforti</strong> de supporter les tensions<br />

parfois psychologiquement très fortes causées par le manque du clergé, les défections, les erreurs<br />

pastorales et morales et c’était les relations humaines positives avec beaucoup de prêtres, souvent<br />

ses anciens collègues du séminaire, avec lesquels il partageait la même vision et la même vision<br />

pastorale. Nous avons déjà cité en ce chapitre et dans ceux précédents les noms de don Enrico<br />

Ajcardi, don Ferdinando Venturini, don Virginio Pignoli, don Ormisda Pellegri. C’était aussi ses<br />

anciens étudiants a Borgo del Leone d’Oro, de don Giovanni del Monte à don Ernesto Foglia. Avec<br />

des manières, des devoirs et des destins différents, ceux-ci et d’autres probablement étaient des<br />

<strong>Manfredi</strong> - 136 – G.M. <strong>Conforti</strong>

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