Manfredi Guido Maria Conforti - saveriani.com

Singapour ou à Osaka semble un temps interminable. Le paquebot employait pendant un peu plus
d’un mois un trajet qu’il avait route et des étapes désormais codifiées : Marseille – Port Saïd en
Egypte à travers l’étroit de Messina et en côtoyant Crêta à sud : Port Saïd, le canal de Suez, Gibuti :
de Gibuti à Colombo et Ceylon : de Colombo à Singapour à travers l’étroit de Malacca : de
Singapour à Saigon : de Saigon à Hong Kong : de Hong Kong à Shanghai. En chaque étape il
s’arrêtait au moins une nuit, sauf à Hong Kong où il prévoyait jusqu’à quatre jours comme à
Saigon.
Le journal de Conforti, montre les caractéristiques de son regard et de ses intérêts, presque
une transparence de son intériorité. Typique de celui qui écrit est la référence continuelle aux
vicissitudes bibliques ou missionnaires qui étaient arrivées dans les lieux du transit. Entre Port Saïd
et Gibuti, à travers le canal de Suez et la mer Rouge, il évoquait mentalement l’expérience de
l’exode.
Combien de sentiments différents en regardant cette mer ! A Suez selon une tradition,
il aurait eu le passage du peuple Hébreu poursuivi par le pharaon et à travers l’étroit
qu’avant la construction du canal de Suez, divisait les deux lacs amères, on aurait eu le
passage de la Sainte Famille vers l’Egypte. Chaque événement montre la puissance et
la providence de Dieu, qui dispose chaque chose pour le triomphe de ses admirables
dessins. A travers l’immense désert de l’Arabie Perea a vécu le peuple Hébreu conduit
par Moise pendant 40 ans vers la terre promise et soutenu par Dieu avec de continuels
prodiges. Vers le 16, notre regard voyait la chaîne du Sinaï. Le joug où on aurait eu la
promulgation de la loi de Dieu, est le mont plus haut de tous les autres. Une journée
brumeuse n’a pas permis de contempler avec clarté le mont des prodiges, qu’après le
Calvaire et le mont des Béatitudes est le plus célèbre de tous.
Tandis que à Colombo ne pouvait pas manquer la référence à Saint François Xavier. « J’ai
pensé avec commotion au grand apôtre des Indes qui a sanctifié ces terres avec sa sueur et je l’ai
prié pour tant d’âmes qui sont encore dans les ténèbres et l’ombre de la mort »
En ces visions panoramiques du voyage, et davantage dans les ports, Conforti observe avec
curiosité les populations non chrétiennes et, par ici par là, les groupes des chrétiens non catholiques.
Ses considérations révèlent le classique sotériologie à la base des missions de l’époque moderne. A
Gibuti le petit groupe débarquait le premier octobre 1928 :
Quel triste spectacle offre cette population noire qui est habillée avec un simple cache-sexe
sal et déchiré. Ce qui fait souffrit davantage est la certitude qu’ils sont presque tous de
musulmans fanatiques. A Gibuti il y a une église gréco orthodoxe et une belle église
catholique desservie par les capucins, que d’ailleurs ne font pas beaucoup de conversions
parmi ces pauvres fils de l’Islam. Combien fut bon le Seigneur avec nous car il nous a
enrichi dans l’ordre naturel et surnaturel, de tout le bien qu’on puisse désirer. Quel grave
compte rendu on doit faire à Dieu.
Nota bene : « Il nous enrichit selon l’ordre naturel et surnaturel ». Les Somali de Gibuti sont de
pauvres habillés par le seul cache-sexe et ils sont musulmans : pauvreté naturelle et surnaturelle,
liées implicitement entre elles.
A Port Saïd, ville commerciale et cosmopolite, après avoir rencontré les franciscains « nous
avons aussi visité la belle église de coptes orthodoxes, où j’ai prouvé un grand sentiment de tristesse
en contemplant l’adorable sacrement confié à ceux qui ne sont pas de la vraie église
Dans les villes où le bateau s’arrête pendant un peu de temps, Conforti, Bonardi et Ferrari, en
plus que rencontrer les missionnaires du lieu, ils visitaient avec un esprit presque touristique, les
merveilles de différentes cales. Colombo une ville divisée entre la ville neuve « bâtie selon le style
européen, avec des grands bâtiments, hôtels et magasins de toute espèce » et la vieille ville qui
Manfredi - 189 – G.M. Conforti