Manfredi Guido Maria Conforti - saveriani.com

Une rapide comparaison avec les plus de vingt ans d’épiscopat de Conforti comme évêque de
Parma montre immédiatement la forte disproportion de ce type de communication à Ravenna. En
particulier, pouquoi cette demande d’argent, aides et prêts Conforti avait individualisé un motif
important : le clergé de Ravenna n’est pas particulièrement doué des prébendes et surtout des
revenus provenant des offrandes à l’occasion des célébrations et des sacrements.
Cependant j’ajouterais une autre cause, qu’on entrevoit par ci par là dans les lettres du
clergé, mais qui ressortit clairement de l’ensemble de la documentation : la mense épiscopale de
Ravenna est discrètement douée, même si pendant les années de Conforti la fermeture des
contentieux et les impôts arriérés comportaient des engagements contingents de l’entité
remarquable ; mais elle est mise à côté aux fonds appelés « secrets » dont d’ailleurs pas beaucoup
connaissaient l’existence. Celle-ci est l’époque des « pieuses fraudes », la conséquence de l’état de
désordre et problématique dans les biens ecclésiastiques, déterminée par les lois éversives. Il sera
exactement autour de ces « fonds secrets », ressource indispensable et épée légale de Damoclé, où
s’entrelacent les questions liées au nom de Paolo Peppi. Enfin, les prêtres de Ravenna savent que
l’évêque peut intervenir. Et ils demandent toujours et toujours. On comprend donc comment
l’administration de ce fond, laissée par le vieux Galeati à son protégé Peppi, soit devenue un
instrument de pouvoir et de division entre le clergé.
N’est pas improbable que toutes ces demandes, cette séquence de cahiers de doléances du
clergé, soient concentrées pendant ces mois à cause, qu’après des années de gouvernement par
personne interposée, avec Riboldi d’abord et Conforti après, tous cherchaient de se placer le plus
vite possible dans une position favorable, ou résoudre tous les problèmes laissés suspendus jusqu’à
ce moment. Mais ceci donne une idée correcte de l’état de tension entre le clergé, désormais
invétérée.
Un autre élément de tension était la permanence en vie d’un numéro important des
patronages des laïcs sur les bénéfices ecclésiastiques importants. Même à Parma on a des situations
analogues, comme en plusieurs diocèses italiens. Mais, même en cette sphère, la comparaison fait
ressortir une réalité de Ravenna plus complexe. Dans la correspondance de Conforti deux dossiers
se joindrent à ce problème : la nomination de l’abbé Giovanni Savorelli, jeune prêtre revenu d’une
déception de la carrière romaine, à Piangipane, bénéfice de patronage de la famille Guaccimani et la
très embrouillée vicissitude de la paroisse de saint Alberto, qui était une des églises mieux douées
de l’archidiocèse, qu’avait porté à l’assassinat d’abord du sacristain et puis de l’administrateur
envoyé par Conforti, l’abbé Sebastiano Malucelli.
Je pense donc qu’on peut dire que le problème de Peppi ne soit vraiment rien d’autre que la
pointe de l’iceberg des malaises d’un clergé nombreux, lié à la mentalité de type féodal et
fonctionnel, un clergé, qu’il nous soit permis le terme, d’un « état pontifical » Ne manquaient pas
des prêtres vertueux, zélés, et souvent de niveau culturel très élevé mais, plus qu’ailleurs, on
respirait un climat des querelles, de calcul, des revendications, des droits et des pouvoirs sur la
pointe de la loi canonique et des habitudes souvent entre elles contradictoires. Réussit aussi d’un
réaliste évidence la description que Conforti même fait à la Dataria (bureau du Vatican) apostolique
en février 1905, à l’occasion de la tourmentée nomination de l’archidiacre du chapitre :
A Ravenna chaque fois que se vérifie une place vide n’importe laquelle, même la plus
modeste, arrive une vraie lutte. Les différents partis du clergé se combattent pour faire
réussir un candidat et donc est une alternance incessante des lettres, des signatures, de
députations puisque à fatigue le supérieur, et malheureusement pour le manque de bonnes
argumentations, on fait recours quelque fois au libelle et aux calomnies, les plus
invraisemblables, comme moi-même j’ai pu constater. Votre excellence peut s’imaginer ce
que ces gens feront pour choisir la première dignité du chapitre. Tout l’archidiocèse est
dans une grande attente, et je sais qu’on travaille fort pour faire nommer un plutôt que un
autre, selon les partis. Votre excellence ne se étonne pas si on vous enverra des instances,
Manfredi - 64 – G.M. Conforti