Manfredi Guido Maria Conforti - saveriani.com

L’EVEQUE DE PARME
Mgr Conforti et les Missionnaires xavériens représentent pour moi des personnes et des
situations qui sont devenues toujours moins génériques, évanescentes et toujours plus réelles, une
véritable expérience de vie au fil des années. Celui qui, comme dans mon cas, a parcouru tout l’iter
traditionnel du séminaire, a rencontré l’idéal missionnaire, pour ainsi dire, sur les pupitres de sa
formation, pour ensuite le rendre partie prenante de son ministère presbytéral. Je n’ignorais pas
l’histoire de Conforti lorsque, avec le Séminaire de Modena, moi, jeune élève en théologie, je
visitais le Scolasticat xavérien de Parma, le Musée d’art chinois et ethnographique, tout en
terminant cette première rencontre par la célébration eucharistique dans la chapelle de l’Institut qui,
en ce temps-là, montrait nettement les signes de la réforme liturgique. Un pas décisif dans cette
connaissance fut ensuite l’enseignement donné aux étudiants xavériens, italiens ou pas. Un contact
duquel j’ai tiré la claire sensation de traiter avec des « membres » d’une famille ayant une
physionomie bien précise, un sens d’appartenance, ou mieux de filiation, fort et bien enraciné. Une
rencontre stimulante pour un professeur de théologie morale du mariage et de la famille, qui m’a
inséré dans le large contexte du monde que les étudiants emmenaient avec, et qui confirmaient la
réflexion théologique et magistérielle par leurs traditions ou bien mettaient en exergue les valeurs et
les éléments qui marquaient fortement leurs cultures. Le una caro et le mysterium magnum
prenaient alors les colorations des continents, tout en témoignant de l’unique Evangile.
Je n’aurais jamais imaginé la rencontre suivante, directe et spéciale, avec le bienheureux
Guido Maria Conforti : ma nomination à évêque de Parma et l’entrée dans la ville ducale le 30 mars
2008, presque après cent ans précis de la sienne. L’apparente coïncidence de cet évènement je la lis
comme provenant de la Providence et je ressens un sentiment de paternité bienveillante de la part de
mon insigne prédécesseur. Je l’éprouve souvent et je l’invoque, en traversant volontiers à pied le
« lungo Parma » pour atteindre de mon siège épiscopal le sien, « son Campo di Marte », en vue
d’entrer tout droit dans le Sanctuaire à la recherche, devant son urne, de lumière, force et réconfort.
Étonnante trajectoire pour une connaissance qui a grandi jusqu’au dialogue intime de la foi,
jusqu’aux confidences épiscopales entre un pauvre et, de plus, jeune évêque et un géant du
ministère apostolique. Un parcours, lui aussi, réalisé par l’intermédiation de personnes et de visages
de tous ceux qui, après le martyre de Caio Rastelli, proto-martyr de la Congrégation, ont dit oui au
Seigneur dans le charisme missionnaire xavérien.
Vie tout à fait singulière celle de Guido Maria, pour sa normalité apparente (mais est-ce
possible pour de vrais chrétiens ), pour les façons dans lesquelles se réalise son appel presbytéral et
épiscopal. Devant ceux qui croient encore fermée et blindée la vie de l’église et de la « fabrique des
prêtres », à savoir le séminaire, Guido Maria nous étonne pour l’unicité de son parcours. Les routes
de Parma qu’il parcourait habituellement pour son instruction, ses expériences spirituelles d’enfant
qui grandit, son dialogue avec le Crucifix et enfin les signes perfides d’une maladie qui pouvait
devenir la dalle tombale de son presbytérat, mais qui, par contre, semble l’entrainer aux dispositions
mystérieuses de Celui qui gardait pour lui une vie encore plus surprenante, tout cela apparaît
comme des pièces détachées en fonction d’un dessein nouveau que seulement Celui qui l’a projeté
saura recomposer, mais nullement sans la disponibilité réitérée de Conforti lui-même. Etre évêque
et fondateur ! Ministère épiscopal vécu, dirions-nous par une image audacieuse, grand le cœur et
haute la tête. Par le cœur de celui qui se dévoue à un service universel, tel qu’un appel apostolique
et un regard pointé très loin, au-delà – je l’affirme ex experientia – le souci compréhensible pour
son propre diocèse et les préoccupations, anxiétés presque, pour répondre à un don si totalisant.
C’est surprenant et aussi réconfortant de voir Guido Maria sur des chemins impraticables
lors d’une période historique dramatique et au milieu d’événements personnels et institutionnels en
fluctuation entre satisfactions qui caressent le cœur du pasteur et déceptions humaines,
malentendus, critiques et « échecs » que seulement le Pasteur des pasteurs sait transformer en Grâce
et sait en faire comprendre la portée à celui qui, comme l’évêque, y est assujetti.
Manfredi - 4 – G.M. Conforti