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Chrestomathie bretonne : (armoricain, gallois, cornique)

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La langue, en revanche, est à très peu de chose près celle du<br />

XVIIP siècle. L'orthographe seule s'est modifiée. L'orthographe<br />

en usage est généralement celle de Le Gonidec(l), assez souvent<br />

avec de légères modifications. La réforme de Le Gonidec date de<br />

1807, année de l'apparition de sa Gymmynaire celto-<strong>bretonne</strong><br />

(Paris, Le Bour, 1807, in-8''). Elle consiste principalement dans<br />

l'emploi de k, g pour les gutturales, quelle que soit la voyelle<br />

qui suit, de ch pour la spirante gutturale sourde, de n pour<br />

indiquer une voyelle nasalisée, de n := gn français, l pour l<br />

mouillée; les autres lettres ont la valeur française; les voyelles<br />

longues sont surmontées d'un circonflexe; e, é, è, ii ont la<br />

même valeur qu'en français; ô représente o fermé; o, o ouvert.<br />

Les livres en dialecte de Vannes, le plus souvent, suivent l'an-<br />

cienne orthographe française. Pour donner une idée nette de<br />

l'orthographe de Le Gonidec, je reproduis la parabole de VEn-<br />

fant prodigue, extraite de sa traduction de la Bible, revue par<br />

riques rentrent tous à peu près dans la seconde catégorie ; le procédé est des<br />

plus simples : au lieu de soldat vovis mettez croisé, et au lieu d'un chant du<br />

XIX" siècle vous en avez un de l'époque des croisades. Les chants d'amour et<br />

les ballades ont, en général, un fonds populaire, mais ont tous subi dans la<br />

langue au moins, quelque modification (Voir sur la bibliographie de la question<br />

de l'authenticité du Barzas-Breiz, la BiograpMe des traditions et de la<br />

littérature populaire de la Basse-Bretagne, par H. Gaidoz et Paul Sébillot,<br />

de la p. 306 à la p. 309). On doit dire à la décharge de M. de la Villemarqué<br />

qu'à l'époque où son recueil a paru, personne ne songeait à trouver mauvais<br />

qu'on arrangeât les chants populaires. L'auteur y était d'autant plus disposé<br />

qu'il regardait les chants bretons comme un héritage des bardes, et que pour<br />

lui, en les débarrassant de leurs scories, il faisait reparaître, dans la mesure du<br />

possible, leur physionomie primitive. On ne peut que regretter que M. de la<br />

V^illemarqué, qui semble avoir renoncé à soutenir l'authenticité de son œuvre,<br />

laisse ses meilleurs amis le compromettre avec eux-mêmes dans une défense<br />

impossible. M. de la Villemarqué songerait, dit-on, à une édition sincère du<br />

Barzas-Breiz. Il y a dans ce recueil, malgré tout, bon nombre de chants remarquables,<br />

qui n'ont pas été profondément remaniés. M. de la Villemarqué a<br />

rendu beaucoup de services à la Bretagne par la publication des textes en<br />

moyen breton, par son zèle toujours en éveil pour les études celtiques, par son<br />

ardent patriotisme. Il servirait la cause de son pays et la sienne en même temps<br />

par une pareille publication, si toutefois elle est possible; ce serait plus qu'un<br />

titre littéraire, ce serait un acte d'héroïsme.<br />

(1) Né au Conquet, près Brest, en 1775, mort à Paris en 1838. Voir sur sa vie<br />

et ses œuvres, Levot, Biographie <strong>bretonne</strong>.

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