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Chrestomathie bretonne : (armoricain, gallois, cornique)

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question se réduit à savoir si la voyelle très réduite, aussi affaiblie<br />

que possible, pouvait avoir l'effet assimilateur de la voyelle<br />

à l'état normal. Il est en effet certain, comme l'a montré M. Rhys,<br />

que dans beaucoup de cas, après la disparition de la voyelle dans<br />

l'écriture, il restait dans la prononciation une sorte de souffle<br />

vocalique capable d'empêcher le choc de deux consonnes. Si nous<br />

passons de la théorie aux faits, nous trouvons des exemples<br />

d'affaiblissement de ténues entre deux voyelles dès le IX« siècle :<br />

Tudian pour Tutian (814), Caduotal (82G) pour Catuuotal,<br />

Venedie (834) très fréquent, Uuodanau (834), Guoeduual<br />

(834), Guicoetuual (831), Guodanau, Guoscadoc (837), Ehetic<br />

pour Epetic (854), Tuduual pour Tutuual (857), etc.; il n'y<br />

a presque pas de liste un peu longue où on n'en trouve quelque<br />

exemple. Il semble d'autant plus difficile de songer à une dis-<br />

traction du copiste qui écrivait au XP siècle, que les mêmes faits<br />

se présentent dans les gloses (IX-X^ siècle) ;<br />

blinder pour blinter,<br />

dadl pour datl, cornigl pour cornicl, giànodroitou pour gui-<br />

notroitou, modreped pour moirepet, guhennid'^Qwv gupennid<br />

Si donc, dans l'écriture, en général les ténues entre deux voyelles<br />

sont fermes jusqu'au XP siècle, il n'en est pas de même dans<br />

la prononciation (1).<br />

Les moyennes ne sont peut-être pas toutes devenues spirantes<br />

à la même époque. G semble avoir été spirant de très bonne<br />

heure. Au VP-VIP siècle déjà, on le trouve écrit i, dans l'in-<br />

térieur du mot : Mailoc Britoniensis ecclesiœ episcopus<br />

(2^ concile de Braga en 572) (2). Que cet i ait eu souvent la<br />

valeur d'une spirante, c'est ce que prouve l'évolution du g en<br />

syllabe finale actuelle après r, l; il laisse un son spirant qui se<br />

traduit en <strong>gallois</strong> par y, a, en arm. par c'a : <strong>gallois</strong> eùy, eira,<br />

neige (une syllabe) = arm. erc'h [=*argja'^.); gall. gioyry :=<br />

(1) Dans l'introductiou à mon vocabulaire vieux-breton, ouvrage dont je ne<br />

me dissimule pas les défauts et que je songe à refondre, préoccupé de faire<br />

servir la linguistique bi'etonne à la critique des textes, je n'ai étudié que<br />

l'écriture et n'ai recherché que les lois de la langue écrite, ce qui m"a valu des<br />

critiques en grande partie fondées.<br />

(2) Cf. Tolistohoil et Tolistobogi, Andecomlogius (Gr. cclt., II, p. 48).<br />

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