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L'avers et le revers

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— Non est dea 8 ! hurla derechef Jean de Siorac. De quel droit<br />

osez-vous dire de tel<strong>le</strong>s choses !<br />

— Du droit de celui qui observe <strong>et</strong> voit <strong>le</strong>s faits au-delà des<br />

passions.<br />

Sur quoi, il y eut un assez long si<strong>le</strong>nce, qui faillit me faire<br />

décamper de la place car je craignais trop que la porte ne<br />

s’ouvrît, <strong>et</strong> de me r<strong>et</strong>rouver groin à groin avec <strong>le</strong> baron. Mais<br />

celui-ci reprit d’une voix radoucie :<br />

— Mais, à la parfin, que me reprochez-vous ? Vos griefs ne<br />

sont-ils pas exagérés par votre inf<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> mora<strong>le</strong> au point que<br />

vous-même n’en perceviez pas <strong>le</strong> grossissement ?<br />

— Il n’y a pas d’inf<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> mora<strong>le</strong>, il y a la mora<strong>le</strong>, répondit<br />

Sauv<strong>et</strong>erre d’une fort roide manière.<br />

— Certes, certes, il y a la mora<strong>le</strong>, reprit Jean de Siorac, mais<br />

je gage que vous m’avez parfaitement compris.<br />

De nouveau, il y eut un temps où aucun des deux ne pipa<br />

mot, ce qui m’inquiéta, mais Sauv<strong>et</strong>erre enfin poursuivit, sans<br />

re<strong>le</strong>ver la dernière remarque du baron :<br />

— Vous vous conduisez mal envers François en ce sens que<br />

vous lui manifestez une assez palpab<strong>le</strong> indifférence, étant<br />

lointain <strong>et</strong> peu préoccupé par l’enseignement que je lui dispense<br />

sur <strong>le</strong> fonctionnement du domaine, lui adressant fort peu la<br />

paro<strong>le</strong> <strong>et</strong> ne s’intéressant ni à ses goûts ni à ses aspirations.<br />

— Vous savez bien que, sans l’aimer moins pour autant, je<br />

trouve que François est un peu trop fier <strong>et</strong> outrecuidé en ses<br />

prérogatives d’aîné <strong>et</strong> qu’il n’a pas de considération assez pour<br />

ses cad<strong>et</strong>s.<br />

— Pour ses cad<strong>et</strong>s ! dit Sauv<strong>et</strong>erre en riant. Pour Pierre,<br />

vou<strong>le</strong>z-vous dire !<br />

— Pour ses cad<strong>et</strong>s, répéta Jean de Siorac d’une voix un peu<br />

piquée, car il manque aussi de considération pour Samson.<br />

— Certainement, pauvre Samson, mais <strong>le</strong>s raisons en sont<br />

tout autres <strong>et</strong> vous n’y êtes pas tota<strong>le</strong>ment étranger, n’est-ce<br />

pas ? Est-ce là aussi inf<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> mora<strong>le</strong> que de vous rappe<strong>le</strong>r qui<br />

est la mère de Samson <strong>et</strong> toute la zizanie que c<strong>et</strong>te histoire a<br />

semée entre Isabel<strong>le</strong> <strong>et</strong> vous, puis entre François <strong>et</strong> vous !<br />

8 Ce n’est pas cela du tout !<br />

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