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L'avers et le revers

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périls, plus uti<strong>le</strong> <strong>et</strong> plus salutaire que mon maître, <strong>le</strong>quel était<br />

comme un béjaune en ces matières, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te constatation me<br />

gonfla d’importance. Je compris aussi ce que <strong>le</strong> baron, qui de la<br />

vie avait grande expérience, voulait signifier quand il disait que<br />

la théorique ne valait guère saine <strong>et</strong> honnête pratique. Il me<br />

sembla éga<strong>le</strong>ment que mon maître, <strong>le</strong>quel garda l’air sombre <strong>et</strong><br />

ma<strong>le</strong>ngroin jusqu’au logis du lieutenant-criminel, l’entrevoyait<br />

aussi <strong>et</strong> je gage que c<strong>et</strong>te aventure lui apprit prou <strong>et</strong> qu’il ne<br />

l’oublia pas.<br />

À l’hôtel particulier, <strong>le</strong>s gardes nous autorisèrent à entrer<br />

dans la cour pavée <strong>et</strong> à laisser nos chevaux à deux laquais qui <strong>le</strong>s<br />

emmenèrent à l’écurie. Je pensais rester avec la Margot <strong>et</strong> déjà<br />

m’en faisais une douce félicité quand mon maître m’intima<br />

l’ordre de <strong>le</strong> suivre avec Samson. Je ne sus si la raison en était<br />

qu’il souhaitait montrer ainsi à M. de La Porte que val<strong>et</strong> il<br />

possédait déjà ou qu’une sournoise jalousie l’empêchait de me<br />

laisser seul avec Margot, <strong>et</strong> peut-être bien que <strong>le</strong>s deux raisons<br />

s’y mêlaient ensemb<strong>le</strong>, tant il est malaisé parfois de connaître<br />

soi-même ce qui pousse à agir de tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> manière.<br />

L’escalier en pierre était monumental assez pour ceux qui <strong>le</strong><br />

gravissaient, <strong>et</strong> ainsi avait-il été conçu sans doute pour<br />

impressionner <strong>le</strong> visiteur <strong>et</strong> lui rabattre la crête avant que<br />

d’encontrer <strong>le</strong> lieutenant-criminel de la vil<strong>le</strong> de Sarlat. Un<br />

domestique aussi si<strong>le</strong>ncieux que poisson en bocal nous<br />

introduisit dans un bureau, très grand éga<strong>le</strong>ment, <strong>et</strong> bien éclairé<br />

par de vastes fenêtres à meneaux. Seul assis à une vaste tab<strong>le</strong>,<br />

M. de La Porte se <strong>le</strong>va à notre entrée <strong>et</strong>, <strong>le</strong>s bras tendus en<br />

avant, s’approcha de mon maître <strong>et</strong> de Samson. Comme <strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>cteur l’imagine, je me tenais en r<strong>et</strong>rait, deux pas derrière eux,<br />

l’air humb<strong>le</strong> <strong>et</strong> respectueux.<br />

— Ainsi donc, voici <strong>le</strong>s fils de notre cher baron de Mespech !<br />

dit-il d’une voix avenante.<br />

— Je me nomme Pierre, <strong>et</strong> mon frère, Samson, <strong>et</strong> celui-ci est<br />

Miroul, notre val<strong>et</strong>, répondit mon maître en serrant la main du<br />

lieutenant-criminel, <strong>le</strong>quel serra ensuite cel<strong>le</strong> de Samson, <strong>et</strong> me<br />

gratifia même d’un bref regard.<br />

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