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L'avers et le revers

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ne m’en causa point pour autant <strong>et</strong> nous demeurâmes ainsi<br />

comme deux statues d’un palais royal, si<strong>le</strong>ncieux pour l’éternité,<br />

lui penché en avant en ses marmiteuses pensées, <strong>et</strong> moi <strong>le</strong> buste<br />

droit, <strong>le</strong>s paumes sur <strong>le</strong>s genoux, <strong>et</strong> à la parfin, comme de néant<br />

la suite semblait pavée, repensant à la Margot <strong>et</strong> à notre dernier<br />

ébat. J’en étais là, <strong>et</strong> si loin de mon maître en vérité, qu’un<br />

sourire étira mes lèvres à la pensée des beaux seins de Margot,<br />

bien ronds <strong>et</strong> bien fermes, que j’avais eu tout <strong>le</strong> loisir d’admirer<br />

<strong>et</strong> de caresser, <strong>et</strong> ce beaucoup mieux qu’en la chambre de<br />

Sauv<strong>et</strong>erre.<br />

— Miroul, fit soudain la voix de mon maître que j’en<br />

sursautai presque, bien désolantes sont <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s de la p<strong>et</strong>ite<br />

Hélix. Tu sais <strong>le</strong> mal qui la ronge ?<br />

— Oui, Moussu Pierre, d’un bran<strong>le</strong> de tête qui oncques ne la<br />

quitte <strong>et</strong> que c’en est pitié de tant la voir pâtir de cela.<br />

— Mon père fit venir ce matin M. de Lascaux, médecin en la<br />

vil<strong>le</strong> de Sarlat, <strong>le</strong>quel est venu avec ses deux aides examiner<br />

notre p<strong>et</strong>ite Hélix <strong>et</strong> opiner à son suj<strong>et</strong>.<br />

— Adonc, Moussu Pierre ?<br />

— Ce M. de Lascaux n’opine que <strong>le</strong> néant de son ignorance<br />

tout enrobée de grandes phrases <strong>et</strong> discours savants. Il prétend<br />

que la p<strong>et</strong>ite Hélix est atteinte du mal de l’épi<strong>le</strong>psie car son sang<br />

n’a pas été purgé assez en son enfance, ayant été épargnée par<br />

p<strong>et</strong>ite véro<strong>le</strong>, oreillons <strong>et</strong> rougeo<strong>le</strong>.<br />

— Mais l’absence de maladie, chez un pitchoune, n’est-el<strong>le</strong><br />

pas à prendre pour signe de bonne santé ?<br />

— Il affirme tout <strong>le</strong> rebours, que ces maladies sont faites<br />

pour préparer la santé de l’adulte <strong>et</strong> qu’il est gravissime de ne<br />

point <strong>le</strong>s attraper p<strong>et</strong>it, <strong>et</strong> que la conséquence de tout cela est <strong>le</strong><br />

pâtiment qui s’observe chez la p<strong>et</strong>ite Hélix.<br />

— Et de la curation, Moussu Pierre ?<br />

— Des saignées fréquentes pour purger <strong>le</strong> vieux sang qui<br />

depuis longtemps ne devrait plus se trouver en son corps <strong>et</strong><br />

corrompt ainsi tous <strong>le</strong>s organes, remontant maintenant à la tête,<br />

d’où <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs.<br />

— Et qu’en pense monsieur votre père ?<br />

Mon maître se tourna vers moi <strong>et</strong> je vis bril<strong>le</strong>r en ses yeux<br />

une ire désespérée <strong>et</strong> vio<strong>le</strong>nte. Il cria presque :<br />

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