27.06.2013 Views

L'avers et le revers

L'avers et le revers

L'avers et le revers

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Pendant ce temps, Margot me disait sa joie de se trouver céans<br />

<strong>et</strong> el<strong>le</strong> en parlait si bien que j’en fus ému jusqu’aux larmes.<br />

— M. de La Porte ne peut nous recevoir avant <strong>le</strong> début de<br />

l’après-midi, annonça mon maître en remontant sur Acla.<br />

— Et lors que faisons-nous ? demanda Samson.<br />

— Pardi, Samson, nous allons potager dans une taverne car<br />

j’ai grand faim, <strong>et</strong> boire aussi chopine, car la route dessèche <strong>le</strong><br />

gosier !<br />

Ne connaissant guère la vil<strong>le</strong>, nous nous mîmes en recherche<br />

au hasard <strong>et</strong> touchant à l’enseigne du Trou du tonneau d’or<br />

nous décidâmes d’y laisser <strong>le</strong>s chevaux en <strong>le</strong>s attachant à la<br />

rambarde prévue à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> <strong>et</strong> de nous attab<strong>le</strong>r face à eux afin<br />

que de <strong>le</strong>s garder à portée des yeux. Margot me tira par la<br />

manche.<br />

— Miroul, je n’ai pas un sol vaillant <strong>et</strong> n’ai pas l’us de<br />

mangeail<strong>le</strong>r en ces sortes de lieux que point ne connais.<br />

— N’aie crainte, Margot, la pécune est affaire des maîtres <strong>et</strong><br />

tu n’as point à t’en soucier.<br />

Et j’ajoutai :<br />

— Profite de tout, Dieu en sa bénignité y pourvoit ce jour<br />

d’hui !<br />

Me payant en r<strong>et</strong>our de son adorab<strong>le</strong> sourire, son visage<br />

s’éclaira tout à p<strong>le</strong>in <strong>et</strong> el<strong>le</strong> me suivit, un peu timidement<br />

cependant, se pressant contre moi comme un oiseau tombé du<br />

nid. L’endroit n’était pas prospère <strong>et</strong> moins rassurant encore,<br />

sa<strong>le</strong> <strong>et</strong> empli de quidams mal vêtus, qui <strong>le</strong>vèrent vers nous des<br />

mines peu réjouissantes. Mon maître n’en eut cure <strong>et</strong> s’assit à<br />

une tab<strong>le</strong>, <strong>et</strong> nous fîmes de même, heureux somme toute à la<br />

pensée de s’en al<strong>le</strong>r emplir la panse <strong>et</strong> de trouver un peu de<br />

repos. On nous bailla une piquante vinasse qui eût nécessité un<br />

corsel<strong>et</strong> dans <strong>le</strong> gosier mais que nous bûmes d’un trait tant la<br />

poussière de la route nous avait mis à mal. Ensuite, ne<br />

regardant mie à la dépense, mon maître commanda un brou<strong>et</strong><br />

de chapon que nous dévorâmes d’un appétit féroce, avalant des<br />

morceaux gros comme <strong>le</strong> poing comme au sortir du carême.<br />

À la tab<strong>le</strong> voisine se trouvait un individu buvant chopine à la<br />

solitaire, <strong>le</strong> cheveu gris hirsute, la trogne renfrognée, <strong>le</strong>s<br />

paupières à demi rabattues sur <strong>le</strong>s yeux, paraissant n’attendre<br />

153

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!