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L'avers et le revers

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Puis il pointa de nouveau l’épée sur la poitrine du drapier<br />

Delacombe, <strong>le</strong> piquant légèrement à travers son pourpoint, ce<br />

qui lui arracha un cri, tout autant de terreur que de dou<strong>le</strong>ur, à<br />

ce que j’en devinais.<br />

— La vérité maintenant, <strong>et</strong> vite ! La garce que tu en<strong>le</strong>vas<br />

appartient au domaine de mon père, <strong>le</strong>quel est grand ami avec<br />

M. de La Porte, lieutenant-criminel de la vil<strong>le</strong>, qui serait<br />

certainement intéressé à t’entendre !<br />

Tel<strong>le</strong> une claire menace de gib<strong>et</strong>, <strong>le</strong> nom de M. de La Porte<br />

épouvanta maître Delacombe dont <strong>le</strong> visage devint aussi blanc<br />

que certaines draperies suspendues au-dessus de sa tête.<br />

— C’est une épouvantab<strong>le</strong> méprise ! clama-t-il d’une voix<br />

aiguë. Aucun mal, je <strong>le</strong> jure devant Dieu, n’ai fait à la jeune<br />

garce ! Je suis persécuté par un misérab<strong>le</strong> qui menace de s’en<br />

prendre à mon établissement, <strong>et</strong> d’y m<strong>et</strong>tre <strong>le</strong> feu, si je n’en<br />

passe par ses volontés !<br />

— Qui sont ? dit mon maître fort roidement.<br />

— Il exige que je lui rapporte de jeunes <strong>et</strong> bel<strong>le</strong>s garces…<br />

— Qu’il est aisé, avec l’aide de ton commis, de ramasser en<br />

campagne au gré de tes voyages, <strong>et</strong> que tu lui livres contre<br />

sonnante <strong>et</strong> trébuchante clicail<strong>le</strong> !<br />

— Non, je vous assure ! Rien que la promesse de laisser mon<br />

commerce prospérer honnêtement !<br />

— Et qu’en fait-il de ces garces ?<br />

À c<strong>et</strong>te question, <strong>le</strong> nœud de ma gorge se serra, <strong>le</strong> pire se<br />

pouvant imaginer en un tel prédicament, <strong>et</strong> mon cœur se<br />

chargea de la plus lourde angoisse.<br />

— Je n’en sais mi<strong>et</strong>te. Le demander serait signer mon arrêt<br />

de mort !<br />

Le maraud étant mûr pour certaines confessions, mais pas<br />

toutes, mon maître s’accoisa, balançant sans doute sur la suite à<br />

donner, car il désirait en tirer, maugré certaines menteries que<br />

nous soupçonnions, tout <strong>le</strong> sa<strong>le</strong> jus de l’affaire.<br />

— Le nom de ce gueux ? reprit-il.<br />

— Il me tuerait s’il l’apprenait… supplia l’autre dont <strong>le</strong>s<br />

mains se mirent derechef à tremb<strong>le</strong>r.<br />

— Mais, pour <strong>le</strong> savoir, M. de La Porte te m<strong>et</strong>tra à la<br />

question, laquel<strong>le</strong> réussit à faire par<strong>le</strong>r même celui qui ne sait<br />

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