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L'avers et le revers

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perfectionner, trouvant la chose plaisante assez, jusqu’à devenir<br />

un cavalier tout à fait honnête, même si je n’ai jamais atteint ni<br />

la sûr<strong>et</strong>é ni <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de mon maître.<br />

Sur <strong>le</strong> chemin du r<strong>et</strong>our, au niveau du châtel<strong>et</strong> d’entrée, <strong>et</strong><br />

alors que, <strong>le</strong>vant la tête vers <strong>le</strong> chemin de ronde, je n’apercevais<br />

pas c<strong>et</strong> Escorgol censé surveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong> passage, nous encontrâmes<br />

deux garces qui attirèrent mon attention. La première, jeune<br />

assez, d’une dizaine d’années seu<strong>le</strong>ment mais déjà presque<br />

formée, était mignonn<strong>et</strong>te à ravir, fine <strong>et</strong> agi<strong>le</strong>, <strong>le</strong> pied menu, la<br />

peau mate comme une Sarrasine <strong>et</strong> un visage d’ange déjà propre<br />

à vous damner. C’était la Gavach<strong>et</strong>te, fil<strong>le</strong> de la Maligou, que <strong>le</strong>s<br />

hommes étonnés, <strong>et</strong> sans même s’en rendre compte, regardaient<br />

déjà comme une p<strong>et</strong>ite femme. Cependant, aussi charmante que<br />

fût c<strong>et</strong>te apparition <strong>et</strong> n’ayant jamais été très attiré par <strong>le</strong>s<br />

jeun<strong>et</strong>tes un peu trop tendres, c’est la seconde qui capta mon<br />

regard.<br />

Cel<strong>le</strong>-là avait mon âge, une tail<strong>le</strong> faite au tour, la poitrine<br />

bien dessinée, de longs cheveux noirs tombant sur de bel<strong>le</strong>s<br />

épau<strong>le</strong>s athlétiques <strong>et</strong>, admirab<strong>le</strong>s au milieu d’un visage mutin<br />

<strong>et</strong> espièg<strong>le</strong>, des yeux aussi verts que ceux d’une chatte. J’en fus<br />

fort troublé surtout que, m’envisageant sans vergogne aucune,<br />

el<strong>le</strong> s’écria à mon adresse d’une jolie voix rieuse :<br />

— Est-ce toi <strong>le</strong> fameux Miroul, si habi<strong>le</strong> qu’il grimpe sur <strong>le</strong>s<br />

murail<strong>le</strong>s du château ?<br />

Que c<strong>et</strong>te bel<strong>le</strong> <strong>et</strong> saine garce connaisse <strong>et</strong> mon nom <strong>et</strong> mes<br />

exploits en disait long sur la nature <strong>et</strong> l’étendue des<br />

clabauderies qui agitaient <strong>le</strong> domestique à tous <strong>le</strong>s étages de<br />

Mespech car la Gavach<strong>et</strong>te, je m’en ramentevais bien, était de<br />

ceux qui m’avaient vu ficelé à la tab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> charnier, mais<br />

point ne me rappelais l’autre, ni ce matin-là, ni en tout autre<br />

lieu, aussi loin que je fouillai en ma remembrance. Sans<br />

attendre ma réponse, laquel<strong>le</strong> tardait trop pour son esprit vif,<br />

el<strong>le</strong> fit une p<strong>et</strong>ite révérence devant mon maître <strong>et</strong> demanda tout<br />

à trac :<br />

— Est-ce bien lui, Moussu Pierre, <strong>le</strong> Miroul dont on par<strong>le</strong> ?<br />

— Oui-da, Margot, c’est bien lui, mais ce n’est pas un maraud<br />

dont on se gausse ! répondit mon maître. Ne sais-tu donc pas<br />

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