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L'avers et le revers

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equise bien au-dessus de la mienne. Cependant, aux trois<br />

quarts environ du rempart, se trouvaient des bobèches scellées<br />

dans <strong>le</strong> mur <strong>et</strong> destinées à recevoir des torches pour éclairer la<br />

murail<strong>le</strong>, assurément en cas d’attaque de nuit, concluai-je – ce<br />

qui en disait long encore sur la sagacité du propriétaire des<br />

lieux. C’est une de ces bobèches que <strong>le</strong> grappin devait atteindre<br />

si je voulais espérer pénétrer dans c<strong>et</strong>te forteresse.<br />

Quand je m’apense maintenant à ce que, sans défaillir<br />

aucunement, je m’apprêtais à faire au milieu de c<strong>et</strong>te sombre<br />

nuit, je dois avouer que des frissons bran<strong>le</strong>nt mon dos <strong>et</strong> qu’une<br />

sueur froide cou<strong>le</strong> <strong>le</strong> long de mes aissel<strong>le</strong>s. Car il s’agissait ni<br />

plus ni moins, une fois <strong>le</strong> grappin accroché, tenant fermement la<br />

corde, de bascu<strong>le</strong>r en direction de la paroi, <strong>et</strong> de résister au choc<br />

vio<strong>le</strong>nt que je ne manquerais de supporter <strong>et</strong> que mes jambes<br />

tendues en avant tenteraient au mieux d’amortir. Si, par<br />

bonheur, je réchappais à c<strong>et</strong>te collision entre mon corps <strong>et</strong> la<br />

pierre, je devais me hisser jusqu’à la bobèche, <strong>et</strong> prenant appui<br />

avec <strong>le</strong>s pieds sur quelques aspérités de la paroi, tenant d’une<br />

main la bobèche, relancer de l’autre <strong>le</strong> grappin pour l’accrocher<br />

au-dessus de moi à un créneau du chemin de ronde. Oncques<br />

n’avais tenté plus péril<strong>le</strong>use acrobatie <strong>et</strong> je suis tout atendrézi<br />

d’être encore de ce monde pour vous la conter céans.<br />

Il ne fallut que trois tentatives pour accrocher <strong>le</strong> grappin à la<br />

bobèche, <strong>le</strong> plus extraordinaire de l’affaire étant que tout se<br />

passa comme je l’ai narré ci-dessus, <strong>et</strong> que je parvins à me<br />

hisser sur <strong>le</strong> chemin de ronde, certes épuisé par l’exploit, mais<br />

sans m’être nul<strong>le</strong>ment rompu <strong>le</strong> col en tombant dans <strong>le</strong> vide <strong>le</strong><br />

long de la paroi vertica<strong>le</strong>.<br />

Une fois dans la place, j’enroulai la corde, fixai sur mon dos<br />

<strong>le</strong> grappin <strong>et</strong> partis furtivement à l’aventure, <strong>le</strong> cœur battant fort<br />

dans ma poitrine <strong>et</strong> tout émotionné encore d’être parvenu à mes<br />

fins. De la courtine où je me trouvais, on pouvait accéder à la<br />

cour par un escalier droit, sans rambarde, qui longeait<br />

intérieurement la murail<strong>le</strong> jusqu’en bas. Non sans multip<strong>le</strong>s<br />

précautions, l’oreil<strong>le</strong> aux agu<strong>et</strong>s, conscient que descendre dans<br />

la cour était aussi dangereux que d’entrer dans une nasse, je<br />

l’empruntai néanmoins <strong>et</strong> me r<strong>et</strong>rouvai dans un espace plus<br />

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