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L'avers et le revers

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maître porte autour de son cou en mémoire de sa mère, laquel<strong>le</strong><br />

lui avait demandé, la veil<strong>le</strong> de sa mort, de la garder toujours<br />

ainsi. Altercation qui fut si vio<strong>le</strong>nte, <strong>et</strong> dont <strong>le</strong>s conséquences<br />

faillirent être si graves, qu’el<strong>le</strong> mit <strong>et</strong> <strong>le</strong> père <strong>et</strong> <strong>le</strong> fils dans un<br />

état de colère paroxysma<strong>le</strong> jamais atteint entre eux deux. Je<br />

reviendrai sur c<strong>et</strong>te grande querel<strong>le</strong> car el<strong>le</strong> révè<strong>le</strong> prou sur <strong>le</strong><br />

caractère de mon maître <strong>et</strong> donne à penser sur la ferm<strong>et</strong>é de ses<br />

opinions <strong>et</strong> son intransigeance quand on touche aux questions<br />

de l’honneur.<br />

Au château, Pierre de Siorac se <strong>le</strong>vait à potron-min<strong>et</strong> quand<br />

<strong>le</strong> jour peine encore à se distinguer de la nuit <strong>et</strong> nul ne sait ce<br />

qu’il faisait lors que tout dormait encore à Mespech, sinon qu’il<br />

pouvait à l’occasion, dans <strong>le</strong> charnier, surprendre des p<strong>et</strong>its<br />

drô<strong>le</strong>s comme votre serviteur en train de rober une tranche de<br />

jambon ! Mais quand je m’éveillai <strong>le</strong> premier matin, je ne pus<br />

que constater que sa place dans <strong>le</strong> lit était vide <strong>et</strong> que Samson,<br />

comme un gros bébé, s’y étirait de tout son long en poussant de<br />

doux grognements. Sou<strong>le</strong>vant sa tête, <strong>le</strong>s yeux encore gonflés,<br />

clignotant des paupières, il j<strong>et</strong>a un regard vers la p<strong>et</strong>ite Hélix<br />

qui dormait profondément, puis m’aperçut <strong>et</strong> me fit un sourire<br />

angélique.<br />

— Miroul, me dit-il, <strong>le</strong> sommeil t’a-t-il été favorab<strong>le</strong> ?<br />

— Ma foi, Moussu Samson, on dort mieux céans que dehors<br />

dans l’humidité de la forêt.<br />

Il me sourit derechef <strong>et</strong> je pus admirer la grande beauté du<br />

bâtard, comme aimait à l’appe<strong>le</strong>r François, <strong>le</strong>quel ne lui<br />

manifesta jamais beaucoup d’estime ni d’amitié, au grand regr<strong>et</strong><br />

de Samson qui, dans sa grande bonté <strong>et</strong> amour des autres, ne<br />

comprenait pas pourquoi. Car Samson est en tout point celui<br />

que mon maître a décrit dans ses Mémoires, auxquel<strong>le</strong>s je me<br />

reporte pour en donner <strong>le</strong> portrait :<br />

Samson, en premier lieu, est beau, d’une beauté à<br />

éclairer <strong>le</strong>s ténèbres ; ses cheveux, d’un blond de cuivre<br />

bouclant jusque sur sa robuste encolure ; ses yeux, d’un b<strong>le</strong>u<br />

azuréen ; son teint de lait ; ses traits harmonieux. Et je ne<br />

par<strong>le</strong> ici que de son visage, <strong>et</strong> non point de son corps, qui<br />

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