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L'avers et le revers

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Sur <strong>le</strong> coup, je ne compris pas ce qu’il entendait par là <strong>et</strong> ce<br />

n’est qu’une fois rentré chez moi, <strong>et</strong> tout en tentant sur mon<br />

écritoire de défroisser <strong>le</strong>s malheureuses pages, que je m’avisai<br />

qu’il évoquait sans doutance aucune la date de mon arrivée à<br />

Mespech dont j’avais écrit qu’el<strong>le</strong> ne pouvait correspondre à<br />

cel<strong>le</strong> consignée dans <strong>le</strong>s Mémoires de mon maître. Que notre<br />

curé s’attachât à des détails d’une si bénigne conséquence me<br />

désola quelque peu <strong>et</strong> je me jurai de ne lui donner mie la suite<br />

de mon manuscrit, vu l’usance qu’il en faisait <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

recommandations qu’il prodiguait.<br />

Cependant, pour montrer que dans la France d’aujourd’hui,<br />

sous l’autorité de notre bon roi Henri IV, un huguenot peut<br />

satisfaire au conseil d’un catholique, ce dernier fut-il paillard <strong>et</strong><br />

se servant des manuscrits qu’on lui confie comme de servi<strong>et</strong>tes<br />

dans ses ripail<strong>le</strong>s, je consens à donner mes raisons de c<strong>et</strong>te bien<br />

p<strong>et</strong>ite divergence entre mon maître <strong>et</strong> moi. Et que M. <strong>le</strong> curé se<br />

rassure, il ne trouvera point là matière à enfoncer un coin dans<br />

c<strong>et</strong>te vétil<strong>le</strong> pour gâter l’admiration que je porte à Pierre de<br />

Siorac, à son génie <strong>et</strong> à sa clairvoyance.<br />

Il est d’abord un souvenir qui me frappe <strong>et</strong> me revient<br />

n<strong>et</strong>tement lorsque je me trouvai sur mon perchoir à observer <strong>et</strong><br />

évaluer <strong>le</strong>s défenses de Mespech : <strong>le</strong>s arbres étaient sans<br />

feuil<strong>le</strong>s, ou cel<strong>le</strong>s-ci étaient à peine naissantes, ce qui m’obligea<br />

à me tenir serré contre la branche, presque collé à el<strong>le</strong>, de peur<br />

d’être vu du château. De ceci, j’en ai la quasi-certitude <strong>et</strong> j’en<br />

conclus que nous ne nous trouvions pas au mois d’août, mais<br />

vers la fin de l’hiver, au mois de mars, <strong>et</strong> je n’ai pas du reste <strong>le</strong><br />

sentiment qu’il faisait bien chaud sur c<strong>et</strong> arbre.<br />

D’aucuns rétorqueront que ce sont là souvenances bien<br />

fragi<strong>le</strong>s, que <strong>le</strong> temps peut altérer <strong>et</strong> embrouil<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>s<br />

mérangeoises. Certes. Mais si on considère que j’ai été j<strong>et</strong>é sur<br />

<strong>le</strong>s routes du royaume à la suite de la batail<strong>le</strong> de Vergt qui eut<br />

lieu en octobre 1562, j’affirme que je n’ai pas passé presque onze<br />

mois à jouer <strong>le</strong> larron dans c<strong>et</strong> état pitoyab<strong>le</strong> qu’était <strong>le</strong> mien, <strong>et</strong><br />

que cinq à six mois s’accordent bien assez avec ma<br />

remembrance.<br />

La vérité, si doute encore il peut subsister dans la tête de<br />

certains, se trouve dans <strong>le</strong>s Mémoires de mon maître. Ayant,<br />

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