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L'avers et le revers

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que deux, mais aussi – pensai-je – pour bien montrer à tout <strong>le</strong><br />

domestique <strong>le</strong>s précautions qu’il prenait <strong>et</strong> par là donc <strong>le</strong> sérieux<br />

des menaces <strong>et</strong> des risques encourus. Il nous demanda<br />

d’emporter chacun deux pistol<strong>et</strong>s dans nos fontes, ce qui nous<br />

donnait une puissance de feu assez considérab<strong>le</strong>, propre à<br />

m<strong>et</strong>tre à vaudéroute <strong>le</strong>s gueux enguenillés <strong>et</strong> mal armés qui<br />

rôdaient a<strong>le</strong>ntour.<br />

Au moment de notre département <strong>et</strong> lors que nous étions<br />

tous trois en sel<strong>le</strong> auprès de l’écurie, mon maître se tourna vers<br />

Samson <strong>et</strong>, contrefaisant <strong>le</strong> ton <strong>et</strong> l’attitude de Cabusse, il <strong>le</strong><br />

questionna à l’abrupt :<br />

— Samson, si un maraud te fonce sus, la pique <strong>le</strong>vée <strong>et</strong> prêt à<br />

t’embrocher, que fais-tu ?<br />

— Je me défends, Pierre, répondit Samson avec simplicité <strong>et</strong><br />

qui, ne re<strong>le</strong>vant l’humour de c<strong>et</strong>te imitation, s’étonnait du ton<br />

de son frère.<br />

— Certes, Samson, tu te défends. Et comment donc te<br />

défends-tu ?<br />

— Avec mes armes.<br />

— Mais quel<strong>le</strong> arme, Samson, si la pique est pointée vers toi<br />

<strong>et</strong> que <strong>le</strong> gueux s’élance comme un cabri ?<br />

— Le pistol<strong>et</strong> ?<br />

— Oui, Samson, avec <strong>le</strong> pistol<strong>et</strong>, que tu lui décharges sans<br />

remords ni réf<strong>le</strong>xion dans <strong>le</strong> buff<strong>et</strong>. Sinon ?<br />

— Sinon ? répéta Samson sans comprendre.<br />

— Sinon, m’écriai-je, joyeux de montrer à mon maître que<br />

son jeu m’était clair <strong>et</strong> transparent, sinon tu meurs sans même<br />

t’en rendre compte ! reprenant là l’une des expressions favorites<br />

de Cabusse, <strong>le</strong> maître d’armes des enfants Siorac.<br />

Mon maître rit à gorge déployée, suivi avec un temps de<br />

r<strong>et</strong>ard par Samson qui comprit tout soudain la gausserie de son<br />

frère <strong>et</strong> n’y vit pas malice. À la vérité, pourtant, il fallait y<br />

déce<strong>le</strong>r l’inquiétude de Pierre au peu de disposition guerrière de<br />

son frère ainsi que <strong>le</strong> souci qu’il m<strong>et</strong>tait à tenter d’incruster dans<br />

la cervel<strong>le</strong> de celui-ci <strong>le</strong>s réf<strong>le</strong>xes salutaires qui sauvent parfois<br />

du trépas quand <strong>le</strong> péril survient.<br />

Il n’y eut aucune embûche ni embuscade sur <strong>le</strong> traj<strong>et</strong> qui<br />

nous mena à la vallée des Beunes, au nord de Mespech, puis au<br />

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