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L'avers et le revers

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grappin, étape par étape, <strong>le</strong>s murs d’enceinte <strong>le</strong>s plus faci<strong>le</strong>s à<br />

atteindre. Une fois dans la place, <strong>le</strong>s chiens, comme bien je<br />

l’espérais, omirent de me considérer pour ce que j’étais <strong>et</strong> ne<br />

virent en moi que <strong>le</strong> chiot-pitchoune de La Vidogne, ce qui fit<br />

qu’ils en oublièrent d’aboyer <strong>et</strong> de gronder.<br />

Cependant, même la nuit, <strong>et</strong> alors que tout semblait endormi<br />

<strong>et</strong> paisib<strong>le</strong>, je ne souhaitais pas, pour <strong>le</strong>s raisons qu’on devine,<br />

m’attarder trop longtemps. Fur<strong>et</strong>ant dans quelques sal<strong>le</strong>s<br />

situées à la base de l’imposant édifice, <strong>et</strong> sans oser emprunter<br />

<strong>le</strong>s escaliers qui montaient aux étages, la picorée fut assez<br />

maigre, d’autant plus que, de toute évidence, je ne pouvais en<br />

empruntant la voie des airs me charger inconsidérément. Dans<br />

un premier temps, je trouvai <strong>le</strong> charnier, ce qui me donna<br />

l’occasion de me remplir <strong>le</strong>s poches de viande fumée, puis<br />

fur<strong>et</strong>ant encore, j’avisai deux chen<strong>et</strong>s au fond d’une cheminée,<br />

fis main basse dessus <strong>et</strong> repartis aussitôt. Le r<strong>et</strong>our ne posa pas<br />

plus de problème que l’al<strong>le</strong>r, <strong>et</strong> je crois bien être <strong>le</strong> premier<br />

larron de ce pays à avoir pénétré seul, <strong>et</strong> sans l’aide de<br />

quiconque, dans <strong>le</strong> château de Laussel, lors propriété de la<br />

puissante famil<strong>le</strong> des Commarque.<br />

Des chen<strong>et</strong>s, je tirai quelques sols auprès d’un marchand<br />

ambulant, <strong>et</strong> pour la première fois de ma vie, je me rendis dans<br />

un marché de village où, la tête haute, j’ach<strong>et</strong>ai d’abondance<br />

toute la nourriture que j’appétai. Avec la pécune qui restait, je<br />

m’offris une folieuse dans un bouge infâme, chose dont je ne me<br />

paonne pas, certes, mais j’étais à l’âge où <strong>le</strong> sexe vous taraude <strong>et</strong><br />

où il faut s’assouager à tout prix, quels qu’en soient <strong>le</strong> lieu <strong>et</strong> <strong>le</strong><br />

prédicament.<br />

Par la suite, je pris d’assaut <strong>le</strong> château de Commarque, plus<br />

faci<strong>le</strong> en vérité, bien que j’évitasse de m’introduire dans<br />

l’énorme donjon, puis je visitai aussi celui des Fontenac, <strong>le</strong>quel<br />

ne présentait guère de difficulté étant fort mal remparé à ce que<br />

je pus en juger. Et chaque fois, je vendais mon maigre butin à<br />

des marchands ambulants qui, voyageant par combes <strong>et</strong> par<br />

pechs dans <strong>le</strong> pays sans jamais s’en r<strong>et</strong>ourner au même endroit,<br />

n’étaient pas trop regardants sur la provenance des obj<strong>et</strong>s.<br />

À la parfin, mon instinct me mena au cœur du Sarladais<br />

devant un autre castel, plus modeste en apparence, mais dont il<br />

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