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L'avers et le revers

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avec quelques recommandations, expliquant en peu de mots<br />

que je serais céans val<strong>et</strong> de Pierre <strong>et</strong> de Samson, sous <strong>le</strong>ur<br />

autorité, <strong>et</strong> que la potence était remise à plus tard, <strong>et</strong> peut-être à<br />

jamais si je donnais satisfaction dans ma fonction.<br />

J’ai souvent repensé aux intentions du baron, m’interrogeant<br />

sur son idée de me m<strong>et</strong>tre val<strong>et</strong> de ses jeunes fils, trouvant<br />

étrange en ce prédicament qu’il m’ait confié, d’une part à son<br />

cad<strong>et</strong> <strong>et</strong> non à l’aîné, comme il aurait dû faire, d’autre part à un<br />

bâtard. Samson, <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur s’en ramentoit, était fils de paysanne,<br />

fruit des coupab<strong>le</strong>s amours de Jean de Siorac – <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

désespéraient tant Sauv<strong>et</strong>erre –, adopté <strong>et</strong> reconnu après la<br />

mort de sa mère par <strong>le</strong> baron qui lui donna officiel<strong>le</strong>ment <strong>et</strong><br />

devant notaire <strong>le</strong> nom de Samson de Siorac, à la grande ire de<br />

son épouse Isabel<strong>le</strong>, laquel<strong>le</strong> je n’ai jamais connue puisqu’el<strong>le</strong><br />

avait déjà quitté ce monde à mon arrivée à Mespech. Il me<br />

semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong> baron voyait loin <strong>et</strong> bien au-delà de ce que j’aurais<br />

pu imaginer à l’époque où j’entamais mon service auprès de<br />

Pierre de Siorac.<br />

Le domaine de Mespech <strong>et</strong> <strong>le</strong> titre de baron revenaient de<br />

p<strong>le</strong>in droit à l’aîné François <strong>et</strong> <strong>le</strong>s deux autres fils, Pierre <strong>et</strong><br />

Samson, n’étaient à hériter de rien sinon d’une somme d’argent<br />

qui devait <strong>le</strong>ur servir à s’établir. Jean de Siorac avait des vues<br />

sur l’avenir de ses deux cad<strong>et</strong>s, mais de son préféré surtout,<br />

Pierre, qui était tel parce qu’il lui ressemblait tant, <strong>et</strong> par <strong>le</strong><br />

truchement de ce doub<strong>le</strong> encore à l’orée de sa vie, <strong>le</strong> baron<br />

pensait soigner quelque vieil<strong>le</strong> b<strong>le</strong>ssure de sa jeunesse dont il<br />

n’avait jamais guéri.<br />

Cad<strong>et</strong> comme Pierre, Jean de Siorac était parti faire ses<br />

études de médecine en la vil<strong>le</strong> de Montpellier où il était devenu<br />

bachelier, puis licencié en médecine, ce qui était déjà<br />

considérab<strong>le</strong>. Hélas, il ne put soutenir sa thèse, devant fuir la<br />

vil<strong>le</strong> deux jours avant la soutenance, ayant en duel passé son<br />

épée à travers <strong>le</strong> corps d’un nobliau pour une querel<strong>le</strong> au suj<strong>et</strong><br />

d’une garce qu’il ne revit du reste jamais. À la suite de quoi,<br />

pour échapper à la justice, il s’engagea dans la légion de<br />

Normandie avec la promesse d’avoir la grâce du roi François I er<br />

s’il y servait cinq années durant. Il y resta neuf ans, gravissant<br />

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