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L'avers et le revers

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<strong>et</strong> vomissant. Et que ma Margot puisse être à présent ce que <strong>le</strong><br />

baron en disait – charogne en fossé – lors que je sentais encore<br />

l’odeur de son corps sur <strong>le</strong> mien, la douceur de ses caresses <strong>et</strong><br />

l’élan de sa jeunesse contre mes flancs, me laissa en une<br />

immobilité de statue, comme absent du monde qui m’entourait.<br />

Ce que voyant, mon maître de moi s’approcha, <strong>et</strong> posa la<br />

main sur mon épau<strong>le</strong> en guise de réconfort, geste qui sûrement<br />

étonna <strong>le</strong> baron, <strong>le</strong>quel se croyait seul à connaître ce qui<br />

m’unissait à Margot. Sauv<strong>et</strong>erre, au comportement de mon<br />

maître, eut un regard d’incompréhension <strong>et</strong> de surprise, mais ne<br />

chercha pas à en savoir plus outre.<br />

— Cependant, reprit mon maître s’adressant à son père,<br />

n’avez-vous point promis à ce pauvre homme d’éclaircir la<br />

disparition de sa fil<strong>le</strong> ?<br />

— Oui, je l’ai promis. Il nous faut donc suivre ce chemin de<br />

Taniès, qui descend jusqu’à la grande route des Beunes, puis<br />

jusqu’au village. Mon idée est que c’est dans <strong>le</strong>s bois, avant<br />

d’arriver à la vallée, plus ouverte <strong>et</strong> fréquentée, que c<strong>et</strong>te vilénie<br />

s’est produite.<br />

— Mais enfin, Jean ! s’écria Sauv<strong>et</strong>erre. Vous n’al<strong>le</strong>z pas vous<br />

armer en guerre pour r<strong>et</strong>rouver la trace d’une simp<strong>le</strong> employée<br />

de ferme, laquel<strong>le</strong> n’habite pas même au château ! Laissons<br />

donc cela, on nous mandera assez tôt quand <strong>le</strong> corps sera<br />

r<strong>et</strong>rouvé, <strong>et</strong> c’est bien suffisant, ce me semb<strong>le</strong> !<br />

Le baron point ne répondit à c<strong>et</strong> assaut, qu’il feignit<br />

d’ignorer, <strong>et</strong> j<strong>et</strong>a un regard à son fils.<br />

— Messieurs, dit celui-ci, nul<strong>le</strong> nécessité en eff<strong>et</strong> de <strong>le</strong> faire<br />

vous-même, j’irai moi-même, avec Samson <strong>et</strong> Miroul.<br />

— Miroul, mais <strong>le</strong> peut-il ? répliqua <strong>le</strong> baron sans laisser à<br />

Sauv<strong>et</strong>erre <strong>le</strong> temps d’ouvrir la bouche.<br />

— Si, je <strong>le</strong> peux… dis-je comme un automate.<br />

— Bien, reprit <strong>le</strong> baron, <strong>et</strong> quand vou<strong>le</strong>z-vous partir,<br />

monsieur mon fils ?<br />

— Dès l’instant que nous serons prêts <strong>et</strong> que nous aurons<br />

bien ouï <strong>le</strong>s conseils que vous nous donnerez.<br />

Lors <strong>le</strong> baron nous entraîna hors la librairie, <strong>et</strong> je fus bien<br />

heureux de c<strong>et</strong>te diversion qui, me lançant dans l’action, apaisa<br />

un peu mon désespoir. Dans la sal<strong>le</strong> d’armes où Samson nous<br />

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