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L'avers et le revers

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Or donc, un soir de ce mois d’août finissant, au so<strong>le</strong>il<br />

déclinant, je me trouvais sur <strong>le</strong> chemin de ronde, accoudé au<br />

créneau, face aux verdoyants combes <strong>et</strong> pechs de notre joli pays,<br />

<strong>et</strong> je me mis à chanter un psaume que mes parents aimaient, <strong>et</strong><br />

de <strong>le</strong> chanter m’émut tant <strong>et</strong> tant, dans la souvenance de mon<br />

père <strong>et</strong> de ma mère, que mes yeux s’en mouillèrent, <strong>et</strong> que ma<br />

voix vibrante s’enfla d’émotion <strong>et</strong> atteignit <strong>le</strong>s accents de la<br />

grâce <strong>et</strong> de l’unique.<br />

Sonde-moi, Éternel ! Éprouve-moi,<br />

Fais passer au creus<strong>et</strong> mes reins <strong>et</strong> mon cœur ;<br />

Je ne m’assieds pas avec <strong>le</strong>s hommes faux,<br />

Je ne vais pas avec <strong>le</strong>s gens dissimulés ;<br />

Je hais l’assemblée de ceux qui font <strong>le</strong> mal,<br />

Je ne m’assieds pas avec <strong>le</strong>s méchants.<br />

Je lave mes mains dans l’innocence,<br />

Et je vais autour de ton autel, ô Éternel !<br />

Mais je ne pus finir car <strong>le</strong> nœud de la gorge me noua si fort<br />

que mon chant s’étouffa, <strong>et</strong> que je restai coi, <strong>le</strong>s yeux fixés sur<br />

<strong>le</strong>s collines.<br />

— Et pourquoi, mon bon Miroul, t’interrompre au milieu<br />

d’un psaume de David ? dit une voix derrière moi.<br />

Sauv<strong>et</strong>erre se trouvait là, à deux pas derrière moi, lors je me<br />

redressai incontinent, <strong>et</strong> d’avoir été surpris, je sentis mes joues<br />

<strong>et</strong> mes oreil<strong>le</strong>s s’échauffer comme cel<strong>le</strong>s d’une prude pucel<strong>le</strong>.<br />

— C’est que, Moussu Sauv<strong>et</strong>erre, il m’a fait penser à mes<br />

parents, qui me manquent, parfois.<br />

— C’est dans <strong>le</strong> psaume, Miroul, que tu dois puiser toute<br />

fiance en <strong>le</strong> Seigneur, <strong>et</strong> que ta tristesse doit s’effacer.<br />

— Sans doute, répondis-je en séchant furtivement une larme<br />

qui s’échappait de ma paupière.<br />

Il y eut un si<strong>le</strong>nce, non lourd <strong>et</strong> pesant, mais simp<strong>le</strong> <strong>et</strong><br />

naturel, pendant <strong>le</strong>quel Sauv<strong>et</strong>erre me considérait de sa plus<br />

grande attention. Il était vêtu de noir, comme souvent, <strong>et</strong> sa face<br />

sombre <strong>et</strong> longue exprimait une douce tristesse, mais aussi<br />

l’humanité dont il pouvait être capab<strong>le</strong>.<br />

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