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L'avers et le revers

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— Plus d’une année, ce me semb<strong>le</strong>, Moussu lou Baron.<br />

— Une année déjà ! Misère, comme ce temps qui fi<strong>le</strong> est bien<br />

triste <strong>et</strong> sans cesse nous rapproche de notre département. Ne<br />

pourrait-il nous laisser vivre un peu sans nous presser de la<br />

sorte à nous gâcher <strong>le</strong> séjour !<br />

— Point ne trouve qu’il passe si vite, Moussu lou Baron.<br />

Il me j<strong>et</strong>a un regard de côté.<br />

— À ton âge, sans doute. Mais il s’accélère ensuite, comme tu<br />

verras.<br />

À l’ouïr ce jour-là, c<strong>et</strong>te étrange théorie sur <strong>le</strong> temps me<br />

parut bien douteuse, ne voyant point comment <strong>le</strong>s lois de la<br />

nature pouvaient, pour l’un forcer l’allure, sans que l’autre ne<br />

s’en mût plus vite, mais je portai cela au compte de mon<br />

ignorance que je savais grande en tant de choses.<br />

— Au demeurant, à ton âge, journel<strong>le</strong>ment la sève déborde <strong>et</strong><br />

crache a<strong>le</strong>ntour, ajouta-t-il. As-tu trouvé céans où m<strong>et</strong>tre ta<br />

courte épée ?<br />

Je fus tant stupéfait d’une interrogation si directe que j’en<br />

restai pétrifié <strong>et</strong> coi.<br />

— Eh bien, Miroul, ne t’ai point posé là une question ? reprit<br />

<strong>le</strong> baron, brisant <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce où je m’étais réfugié.<br />

L’autorité du baron, <strong>et</strong> son naturel, étaient tels, qu’il était de<br />

ces hommes à qui il est malaisé de mentir ou de déguiser la<br />

réalité, <strong>et</strong> quand bien même je l’aurais souhaité, ce qui était <strong>le</strong><br />

cas, je m’en sentis incapab<strong>le</strong>.<br />

— Si fait, Moussu lou Baron, dis-je d’une voix dont la clarté<br />

avait faibli.<br />

— Ah, ah ! fit <strong>le</strong> baron. Laisse-moi deviner… La Gavach<strong>et</strong>te ?<br />

— Non, Moussu lou Baron, oncques n’ai touché la<br />

Gavach<strong>et</strong>te !<br />

— Pourtant, el<strong>le</strong> j<strong>et</strong>te à tous des œillades <strong>et</strong> des sourires à<br />

vous damner, c<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite Gavach<strong>et</strong>te. Je tiens qu’el<strong>le</strong> ne doit<br />

point être bien farouche à celui qui se penche sur ses féminins<br />

appâts.<br />

— Je vous jure, Moussu lou Baron, oncques n’ai touché la<br />

Gavach<strong>et</strong>te, qui est la fil<strong>le</strong> de la Maligou, laquel<strong>le</strong> me déteste,<br />

me prenant pour un émissaire du Diab<strong>le</strong>, comme vous <strong>le</strong> savez.<br />

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