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L'avers et le revers

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obsédante pensée que l’existence est brève <strong>et</strong> n’est point<br />

assurée, même à quelques jours. Du moins à Mespech, car à<br />

Sarlat, il n’en allait pas de même. Laissée à son triste sort, la<br />

vil<strong>le</strong> avait été prise en main par une bande de gueux misérab<strong>le</strong>s<br />

<strong>et</strong> d’une pauvr<strong>et</strong>é extrême, prêts à toutes <strong>le</strong>s meurtreries pour<br />

survivre, <strong>et</strong> commandés par un boucher qui répondait au nom<br />

de Forcalquier, mais qui se faisait appe<strong>le</strong>r par ses beaux suj<strong>et</strong>s <strong>le</strong><br />

baron de la Lendrevie, du nom du quartier de Sarlat d’où il était<br />

originaire. Pour purger la vil<strong>le</strong> de c<strong>et</strong>te jacquerie qui sévissait<br />

dans <strong>le</strong>s faubourgs, la vil<strong>le</strong> n’ayant plus de soldats <strong>et</strong> plus un sol<br />

vaillant pour <strong>le</strong>ver des mercenaires, <strong>le</strong>s consuls lancèrent un<br />

appel pressant à la nob<strong>le</strong>sse du pays, du moins cel<strong>le</strong> qui avait<br />

survécu, <strong>et</strong> Mespech fut contacté en ce sens, au même titre que<br />

<strong>le</strong>s autres seigneurs catholiques.<br />

Ce fut, après l’aventureux sauv<strong>et</strong>age de la Franchou, la<br />

seconde expédition en la vil<strong>le</strong> de Sarlat où <strong>le</strong> baron sollicita ses<br />

fils, Pierre <strong>et</strong> Samson, ainsi que François c<strong>et</strong>te fois-ci, pour un<br />

fait d’armes autrement plus péril<strong>le</strong>ux que <strong>le</strong> premier, <strong>et</strong> qui du<br />

reste n’eut pas l’heur, hélas, de se conclure sans malheur.<br />

Mespech ne fut pas seul impliqué car Compagnac <strong>et</strong> Puymartin<br />

acceptèrent aussi l’insigne <strong>et</strong> discutab<strong>le</strong> honneur de s’en al<strong>le</strong>r<br />

risquer sa vie à combattre des gueux pour la simp<strong>le</strong> gloire de<br />

servir la cité sans rien en attendre en r<strong>et</strong>our. Le camp des<br />

nob<strong>le</strong>s, de fait, avait l’avantage du nombre en c<strong>et</strong>te équipée,<br />

dépassant la trentaine d’hommes, car ces gueux atteignaient la<br />

vingtaine seu<strong>le</strong>ment, <strong>et</strong> n’étaient forts de ce qu’ils terrorisaient<br />

un peup<strong>le</strong> p<strong>le</strong>utre <strong>et</strong> désarmé. Mespech envoyait douze<br />

hommes, <strong>le</strong> baron, ses trois fils, <strong>le</strong>s jumeaux Siorac, Cabusse,<br />

Marsal, Coulondre, Jonas, Escorgol, <strong>et</strong> – <strong>le</strong> croirez-vous – votre<br />

bon serviteur Miroul. Les claudicants Sauv<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> Faujan<strong>et</strong> –<br />

<strong>et</strong> honte assez ai-je à <strong>le</strong> dire ainsi – ne furent pas conviés à la<br />

fête, si on peut appe<strong>le</strong>r tel<strong>le</strong> un moment de tueries, car <strong>le</strong>ur<br />

boiterie ne <strong>le</strong>ur perm<strong>et</strong>tait pas de se battre, mais aussi parce<br />

qu’il fallait des hommes à rester garder Mespech, <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur utilité<br />

était là, <strong>et</strong> bien réel<strong>le</strong> malgré <strong>le</strong>ur incapacité.<br />

Je n’ai pas l’intention de narrer c<strong>et</strong> épisode avec moult<br />

détails, non pas que je rougisse du rôl<strong>et</strong> que me confia <strong>le</strong><br />

baron – <strong>et</strong> que je vais narrer tantôt – mais parce que mon bon<br />

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