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L'avers et le revers

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— C’est un drapier de Sarlat qui vient une fois <strong>le</strong> mois au<br />

village. Ma cousine, qui est couturière, traite avec lui pour <strong>le</strong>s<br />

toi<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>le</strong>s étoffes.<br />

— Son nom ?<br />

— Delacombe, Moussu.<br />

— Et il loge en Sarlat, dis-tu ?<br />

— À ce que j’en sais, oui-da.<br />

Remerciant <strong>le</strong> paysan, <strong>le</strong>quel reposa sur <strong>le</strong> chef son chapeau<br />

à large bord <strong>et</strong> sans plus attendre se remit au labeur, mon<br />

maître se tourna vers nous, vif <strong>et</strong> a<strong>le</strong>rte, <strong>le</strong> teint tant revigoré<br />

que j’eus fiance en son espoir.<br />

— C’est en Sarlat que nous en apprendrons plus, il faut<br />

r<strong>et</strong>rouver ce Delacombe ! Hardi, compagnons, éperonnons nos<br />

montures, sou<strong>le</strong>vons la terre, il nous faut avant ce soir être en la<br />

cité !<br />

Et gaillardement, piquant <strong>le</strong> galop, nous arpentâmes<br />

derechef <strong>le</strong> sentier vers Mespech afin que de rejoindre la route<br />

menant à Sarlat, mon maître <strong>et</strong> Samson en tête, moi ensuite qui<br />

tentais, vail<strong>le</strong> que vail<strong>le</strong>, de suivre ce rythme, <strong>et</strong> Jonas en queue,<br />

pour ce que son cheval avait la plus lourde charge <strong>et</strong> pour ce<br />

que, je <strong>le</strong> remarquai aussi, <strong>le</strong> carrier n’était pas bien habi<strong>le</strong><br />

cavalier, son assi<strong>et</strong>te laissant fort à désirer. Mais il fallut bien, à<br />

notre grand dam, m<strong>et</strong>tre nos montures au pas dès qu’el<strong>le</strong>s<br />

furent trop usées de galoper ainsi, ce qui du reste soulagea<br />

autant Jonas que son cheval.<br />

En soirée, <strong>le</strong>s portes de la cité furent franchies <strong>et</strong> j’eus plaisir<br />

à me r<strong>et</strong>rouver en c<strong>et</strong>te vil<strong>le</strong> que j’avais jà parcourue, Margot en<br />

croupe, la cha<strong>le</strong>ur de son ventre contre mon dos, à nous<br />

émerveil<strong>le</strong>r tant <strong>et</strong> tant de la richesse des échoppes <strong>et</strong> de <strong>le</strong>ur<br />

surprenant agencement. Mon maître s’enquit d’une auberge car<br />

il n’était plus temps, la nuit tombant, de chercher <strong>le</strong> logis du<br />

drapier Delacombe, <strong>et</strong> nous démontâmes, rompus par la fatigue<br />

des justes, confiant nos bêtes au pa<strong>le</strong>frenier du lieu.<br />

L’alberguière était une forte femme, entre deux âges, au<br />

p<strong>le</strong>in visage épanoui <strong>et</strong> réjoui, parlant haut <strong>et</strong> fort en agitant <strong>le</strong>s<br />

bras, <strong>et</strong> qui nous accrocha à peine <strong>le</strong> seuil de sa maison franchie.<br />

— La bienvenue, mes seigneurs, s’écria-t-el<strong>le</strong>, que peux-je<br />

faire pour votre service ?<br />

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