L'avers et le revers
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chambre de M. de Sauv<strong>et</strong>erre où, ajouta-t-el<strong>le</strong>, j’y r<strong>et</strong>rouverais la<br />
Margot qui n<strong>et</strong>toyait là-haut.<br />
Il est des services qu’on s’empresse de rendre <strong>et</strong> celui-ci était<br />
de ceux-là, surtout avec <strong>le</strong> pressant aiguillon que Barberine,<br />
sans <strong>le</strong> savoir, avait utilisé. Tel un soldat aux ordres, j’empoignai<br />
incontinent <strong>le</strong> paqu<strong>et</strong> de linge <strong>et</strong>, ne me donnant pas même <strong>le</strong><br />
loisir de m’enquérir de la santé du p<strong>et</strong>it Jacquou, <strong>le</strong>quel, non<br />
sans un malin plaisir, continuait de nous tympaniser <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s,<br />
je sortis en grande presse, prouvant à Barberine que j’étais bien<br />
<strong>le</strong> condiscip<strong>le</strong> dévoué <strong>et</strong> attentionné qu’el<strong>le</strong> espérait. Prenant la<br />
porte intérieure, je franchis <strong>le</strong> sombre couloir, m’engageai à<br />
grandes enjambées dans l’escalier central <strong>et</strong> me r<strong>et</strong>rouvai en<br />
une poignée de secondes à l’étage supérieur.<br />
Dans <strong>le</strong> corridor, assez à l’inopinée <strong>et</strong> bien loin de la<br />
r<strong>et</strong>rouvail<strong>le</strong> dont je rêvais, j’y encontrai <strong>le</strong> baron, accompagné<br />
d’un Sauv<strong>et</strong>erre qui claudiquait rude pour se maintenir à sa<br />
hauteur, tous deux sortant de la librairie, à ce qu’il me sembla.<br />
Le baron m’arrêta d’un geste impérieux <strong>et</strong>, par un ordre<br />
incontournab<strong>le</strong> <strong>et</strong> d’exécution immédiate, je crus y voir la fin de<br />
mes bel<strong>le</strong>s espérances. Il n’en était rien, tout au rebours, <strong>et</strong> <strong>le</strong><br />
destin continua ici, <strong>et</strong> avec grâce, à paver ma route des bonnes<br />
<strong>et</strong> solides dal<strong>le</strong>s de la fortune.<br />
— Miroul, à pic te voilà céans ! s’écria <strong>le</strong> baron en<br />
m’apercevant. Sauv<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> moi départons pour Sarlat à<br />
l’instant, ayant à y rég<strong>le</strong>r quelque pressante affaire. P<strong>et</strong>remol<br />
nous accompagnera <strong>et</strong>, en passant, nous prendrons Coulondre<br />
en son moulin de Gorenne. Ne sais où sont mes drô<strong>le</strong>s en ce<br />
moment <strong>et</strong> n’ai point <strong>le</strong> temps d’al<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s y quérir ! Adonc<br />
Miroul, tu <strong>le</strong> <strong>le</strong>ur annonceras mon département, <strong>et</strong> que, dès ce<br />
soir, de r<strong>et</strong>our nous serons. Et ne t’arrête point à Pierre ou<br />
Samson, va <strong>le</strong> dire à François aussi ! M’entends-tu, Miroul ?<br />
— Oui-da, Moussu lou Baron, je ferai tout bien comme vous<br />
<strong>le</strong> demandez. Peux-je, toutefois, finir c<strong>et</strong>te tâche que me confia<br />
Barberine ? dis-je en sou<strong>le</strong>vant <strong>le</strong>s linges à hauteur de mes yeux.<br />
— Mais certes, Miroul, certes ! répondit <strong>le</strong> baron en<br />
s’inclinant par gausserie. Que <strong>le</strong> service de la reine Barberine<br />
passe avant celui du roi !<br />
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