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L'avers et le revers

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vos vertes années où vous n’aimiez rien moins que <strong>le</strong> péril pour<br />

al<strong>le</strong>r <strong>le</strong> défier !<br />

— Tu m’ennuies, Sauv<strong>et</strong>erre !<br />

Voltant alors sur lui-même, comme s’il cherchait ainsi à<br />

briser la querel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> baron m’aperçut <strong>et</strong> s’écria :<br />

— Tenez, Miroul que voilà paraît désoccupé ! Je l’emmène<br />

avec moi. Êtes-vous donc satisfait, Jean, que je suive vos<br />

conseils ?<br />

À la vérité, il ne me sembla pas que Sauv<strong>et</strong>erre se trouvât<br />

satisfait de me voir promu, moi jeune val<strong>et</strong> au bec enfariné, au<br />

rang de garde du corps du baron, car il haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s, j<strong>et</strong>a<br />

un regard désespéré à son compagnon, lança <strong>le</strong>s bras au ciel, <strong>et</strong><br />

sans répondre, nous tourna <strong>le</strong> dos <strong>et</strong> s’éloigna en claudiquant.<br />

— Viens ici, Miroul, me lança <strong>le</strong> baron. Notre ami Sauv<strong>et</strong>erre<br />

est trop avisé, <strong>et</strong> à ce compte-là, je ne sortirai oncques de ce<br />

castel. Allons, lâche ce madrier, je t’offre une p<strong>et</strong>ite flânerie au<br />

village de Marcuays pour chauffer un peu <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s de ce<br />

damné curé !<br />

Il m’entraîna à sa suite jusqu’à l’écurie, où scellant lui-même<br />

son cheval, puis m<strong>et</strong>tant <strong>le</strong> pied à l’étrier, il se hissa en souriant<br />

<strong>et</strong> me regarda faire de même. L’action <strong>le</strong> rebiscoulait <strong>et</strong>, en ces<br />

sortes de prédicaments, il r<strong>et</strong>rouvait tout soudain <strong>le</strong> suc de sa<br />

jeunesse <strong>et</strong>, gaillard en diab<strong>le</strong>, il éperonna <strong>le</strong>s flancs de sa<br />

monture pour quitter Mespech au galop. Je <strong>le</strong> suivis comme je<br />

pus, n’ayant ni sa maîtrise de l’animal ni l’habitude de tant<br />

forcer <strong>le</strong> train de mon cheval.<br />

Dès que <strong>le</strong> champ qui s’étendait à l’ouest de l’étang fut<br />

franchi <strong>et</strong> que nous empruntâmes <strong>le</strong> chemin qui descendait<br />

dans l’étroite vallée qui séparait Mespech de Marcuays, <strong>le</strong> baron<br />

stoppa sa monture, la mit au pas, <strong>et</strong> me fit signe de me m<strong>et</strong>tre<br />

au botte à botte avec lui. J’étais fort impressionné de me trouver<br />

seul en compagnie du baron en une mission dont j’ignorais tout,<br />

mais que je devinais courte, <strong>et</strong> du tout ne parlais, sérieux <strong>et</strong><br />

intimidé, me m<strong>et</strong>tant à la patience en une serviab<strong>le</strong> <strong>et</strong> attentive<br />

attitude.<br />

— Ah, Miroul, me dit-il sur <strong>le</strong> ton de la confidence, je suis<br />

bien aise de ta providentiel<strong>le</strong> venue en notre domaine. Depuis<br />

quand nous as-tu rejoints à présent ?<br />

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