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L'avers et le revers

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Le baron rit à gorge déployée tout en manœuvrant son<br />

cheval pour contourner une vieil<strong>le</strong> souche qui barrait <strong>le</strong> chemin.<br />

— Vramy ? La jeunesse est devenue bien p<strong>le</strong>utre de craindre<br />

la mère lors que la fil<strong>le</strong> est si mignonn<strong>et</strong>te ! Il me semb<strong>le</strong> que si<br />

je pouvais remonter <strong>le</strong> cours de mon existence de trente p<strong>et</strong>ites<br />

années, je visiterais tout de la Gavach<strong>et</strong>te, extérieurs <strong>et</strong><br />

intérieurs !<br />

Il rit derechef puis se tourna vers moi <strong>et</strong> me dévisagea de son<br />

regard azuréen.<br />

— Mais adonc, qui te contente en mon castel, Miroul ?<br />

J’eus la gorge nouée, <strong>et</strong> <strong>le</strong> sentiment de trahir un secr<strong>et</strong> que<br />

Margot n’aurait point livré de la sorte, quasiment sans<br />

combattre.<br />

— La Margot… dis-je à voix basse.<br />

— La Margot ? s’écria <strong>le</strong> baron en se redressant sur sa sel<strong>le</strong>.<br />

Fi donc, Miroul ! Voilà une bel<strong>le</strong> <strong>et</strong> saine garce bien conçue pour<br />

ces choses-là, en vérité ! J’aime à la regarder, c<strong>et</strong>te paysanne,<br />

quand el<strong>le</strong> s’en vient à Mespech ! Et comment donc n’y ai-je pas<br />

songé, car si ce n’est la Gavach<strong>et</strong>te, ce ne pouvait être que la<br />

Margot. Qui d’autre en eff<strong>et</strong> ? À part la Franchou, mais la<br />

Franchou est à moi, comme tu <strong>le</strong> sais, Miroul ?<br />

— Oui-da, Moussu lou Baron.<br />

Et fort bien j’entendis ce que c<strong>et</strong>te dernière paro<strong>le</strong> signifiait<br />

mais, au demeurant, <strong>le</strong> baron n’avait guère à se soucier sur <strong>le</strong><br />

suj<strong>et</strong> car jamais n’ai eu de pensée ni de vue sur la Franchou, qui,<br />

comme la p<strong>et</strong>ite Hélix de mon maître, me paraissait aussi sacrée<br />

<strong>et</strong> intouchab<strong>le</strong> qu’une reine en son royaume.<br />

Le baron cessa de causer, <strong>et</strong> ce si<strong>le</strong>nce me pesa car il me<br />

tournait <strong>et</strong> me r<strong>et</strong>ournait sans relâche, comme un damné de<br />

l’enfer sur <strong>le</strong>s broches du Diab<strong>le</strong>, à propos de la confidence sur<br />

Margot que j’avais lâchée si vite lors que rien ne m’y obligeait en<br />

vérité. Et j’eus la surprise de m’entendre dire :<br />

— Peux-je vous par<strong>le</strong>r à la franche marguerite, Moussu lou<br />

Baron ?<br />

— Voyons cela, Miroul.<br />

— Un val<strong>et</strong>, en toute circonstance, à son maître doit<br />

répondre, sans travestir ni déguiser en rien, <strong>et</strong> je me suis donné<br />

c<strong>et</strong>te règ<strong>le</strong>, étant simp<strong>le</strong> <strong>et</strong> honnête, depuis que vous avez eu<br />

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