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L'avers et le revers

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Ceci parut à tous de la bonne <strong>et</strong> saine logique, <strong>et</strong> quoi faire<br />

d’autre du reste, sinon à s’en r<strong>et</strong>ourner à Mespech, la mine<br />

basse, tout espoir à jamais enseveli dans un épais mystère.<br />

Tournant à dextre, vers l’est, <strong>et</strong> remontant la vallée dans un<br />

large chemin empierré <strong>et</strong> carrossab<strong>le</strong>, nous prîmes la direction<br />

du village, au pas, continuant à fouil<strong>le</strong>r la campagne de nos<br />

regards, à la recherche d’une piste à se m<strong>et</strong>tre sous <strong>le</strong> bec. Je<br />

m’apensai que <strong>le</strong> baron avait bien raison de considérer que <strong>le</strong><br />

malheur s’était produit sur <strong>le</strong> sentier qui menait du hameau à la<br />

vallée, <strong>et</strong> non au-delà, car c<strong>et</strong>te vallée des Beunes était large,<br />

défrichée, cultivée, empruntée aussi, la route étant cel<strong>le</strong> qui<br />

menait, au rebours de notre direction, vers l’ouest, au bourg des<br />

Ayzies 21. Et c<strong>et</strong>te constatation n’était pas de nature à fortifier<br />

notre espérance, d’un traj<strong>et</strong> sans péril nous sentions l’inuti<strong>le</strong>,<br />

car il y avait là trop de paysans aux champs, trop de charr<strong>et</strong>tes<br />

sur la route, pour que Margot y ait pu encontrer malfortune.<br />

Obliquant à sénestre, par un rude chemin en pente, nous<br />

nous hissâmes au niveau du village, <strong>le</strong>quel était aussi peu<br />

étendu que celui de Marcuays, présentant à l’identique étroites<br />

ruel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> maisons groupées autour de son église. Mon maître<br />

décida du partage de nos forces, lui <strong>et</strong> Samson d’un côtel, Jonas<br />

<strong>et</strong> moi de l’autre, avec pour mission d’interroger tout quidam<br />

encontré, du plus jeune au plus vieux, sans distinction de sexe<br />

ni d’occupation. Ainsi nous fîmes, surtout dans <strong>le</strong>s échoppes <strong>et</strong><br />

bas de porte, du sabotier au menuisier, de la couturière à la<br />

lavandière, <strong>et</strong> dans <strong>le</strong>s rues, de l’enfant au vieillard. De c<strong>et</strong>te<br />

inquisition, <strong>et</strong> confrontant nos réponses, nous acquîmes<br />

certitude <strong>et</strong> fiance en <strong>le</strong>s points suivants, tous n’étant pas pour<br />

nous de même utilité : Margot était bien connue au village de<br />

Taniès – el<strong>le</strong> était la fil<strong>le</strong> de Jehan <strong>et</strong> de Marie du hameau de la<br />

Malonie –, souvent venait-el<strong>le</strong> au marché d’ici, seu<strong>le</strong> ou avec ses<br />

frères, non pas pour y vendre mais pour y ach<strong>et</strong>er, <strong>et</strong> avec un<br />

grand panier qu’el<strong>le</strong> chargeait sur son dos s’en r<strong>et</strong>ournait chez<br />

el<strong>le</strong> avant la midi, mais nul ne l’avait vue au dernier en date,<br />

celui d’avant-hier.<br />

21 Les Eyzies.<br />

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