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L'avers et le revers

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air pincé, un peu piqué que c<strong>et</strong>te grande <strong>et</strong> bel<strong>le</strong> mission tournât<br />

ainsi à la pantalonnade. M. de La Porte, qui était assez fin pour<br />

<strong>le</strong> remarquer, cessa de rire, <strong>et</strong> il dut, je crois, se forcer pour cela,<br />

puis s’adressa à mon maître en ces termes :<br />

— Monsieur Pierre de Siorac, vous avez rempli la mission qui<br />

vous a été confiée par votre père avec célérité <strong>et</strong> sérieux,<br />

montrant ainsi toutes <strong>le</strong>s nob<strong>le</strong>s qualités qui sont <strong>le</strong>s vôtres <strong>et</strong><br />

dont vous tirerez profit, je n’en doute pas, au cours de votre<br />

existence. Votre père cherche à vous aguerrir, vous <strong>et</strong> votre joli<br />

frère Samson, <strong>et</strong> je lui donne raison, même si pour cela il<br />

imagine des subterfuges qui sont du meil<strong>le</strong>ur cocasse.<br />

Se penchant sous <strong>le</strong> bureau, il ramassa la l<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> la posa<br />

devant lui sur la tab<strong>le</strong>.<br />

— Souhaitez-vous que je vous lise c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre ?<br />

— S’il vous plaît, monsieur, répondit mon maître assez<br />

roidement.<br />

— Bien, voici donc, dit M. de La Porte en se penchant<br />

derechef sur la missive.<br />

Monsieur de La Porte,<br />

très estimé lieutenant-criminel en la vil<strong>le</strong> de Sarlat<br />

Vous recevez ce jour d’hui la visite de mes deux fils,<br />

Pierre <strong>et</strong> Samson, qui seront accompagnés de <strong>le</strong>ur dévoué<br />

val<strong>et</strong>. Je ne doute pas que celui qui par<strong>le</strong>ra <strong>et</strong> vous donnera<br />

c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre sera mon fils Pierre, <strong>et</strong> que mon fils Samson,<br />

plus réservé de nature, n’ouvrira mie la bouche.<br />

C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre n’a aucun obj<strong>et</strong>. Considérez-la comme la<br />

bal<strong>le</strong> qu’on lance au milieu de l’étang pour vérifier que ses<br />

chiens fidè<strong>le</strong>s <strong>et</strong> adorés sont capab<strong>le</strong>s d’y al<strong>le</strong>r chercher <strong>et</strong><br />

de la rapporter.<br />

J’éprouve ainsi ces deux fils, qui me sont fidè<strong>le</strong>s <strong>et</strong> que<br />

j’adore, <strong>et</strong> que je destine à la conquête du vaste monde. Ils<br />

sont jeunes encore <strong>et</strong> il me faut <strong>le</strong>s sortir un peu de <strong>le</strong>ur<br />

basse-cour.<br />

Vous <strong>le</strong>ur communiquerez la réponse qui vous paraîtra<br />

appropriée.<br />

Votre dévoué <strong>et</strong> ami, Jean de Siorac<br />

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