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L'avers et le revers

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— Et pourquoi que je viendrais pas avec vous si je gêne pas,<br />

Moussu Pierre ?<br />

D’un modè<strong>le</strong> vif <strong>et</strong> mobi<strong>le</strong> sont <strong>le</strong>s mérangeoises de mon<br />

maître <strong>et</strong> bien rarement l’ai-je vu pris de court dans la par<strong>le</strong>rie<br />

de bec à bec, mais devant c<strong>et</strong>te apostrophe hardie il resta coi un<br />

moment <strong>et</strong> comme il considérait la Margot un peu à l’étourdie,<br />

cel<strong>le</strong>-ci insista :<br />

— Et pourquoi donc, Moussu Pierre ?<br />

Mon maître, vous <strong>le</strong> savez, a une intime faib<strong>le</strong>sse qui lui<br />

courre sous la peau dès lors qu’il s’agit des garces <strong>et</strong> je crois<br />

assez qu’il n’y peut néant, sa raison s’égarant dès que <strong>le</strong> visage<br />

ou la silhou<strong>et</strong>te de la femel<strong>le</strong> font danser en sa tête déduits <strong>et</strong><br />

fêtes charnel<strong>le</strong>s. Je <strong>le</strong> voyais balancer entre <strong>le</strong> devoir de sa<br />

mission <strong>et</strong> <strong>le</strong> plaisir de causer à la Margot tandis que Samson<br />

s’étonnait du temps que son frère m<strong>et</strong>tait à répondre, à tel point<br />

que ce fut lui qui répondit à sa place.<br />

— C’est à cheval que nous allons, Margot, <strong>et</strong> bien tu vois que<br />

tu ne peux faire partie de c<strong>et</strong>te équipée.<br />

C’était là refus légitime, <strong>et</strong> nous aurions pu en rester à ce<br />

stade, éperonnant nos chevaux pour repartir de l’avant. Mais<br />

mon maître ne bronchait pas, <strong>et</strong> bien qu’il constatait que son<br />

frère était opposé au fol proj<strong>et</strong> de la Margot, il lui déplaisait de<br />

ne pas y accéder <strong>et</strong> de la laisser là au milieu du chemin. Malin <strong>et</strong><br />

rusé, mon maître l’a toujours été, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te occasion <strong>le</strong> démontra<br />

encore. Se sou<strong>le</strong>vant de sa sel<strong>le</strong> en poussant sur <strong>le</strong>s étriers, il se<br />

r<strong>et</strong>ourna vers moi.<br />

— Miroul souffrirait-il d’avoir Margot en croupe ? me<br />

demanda-t-il.<br />

Et à l’évidence savait-il, en habi<strong>le</strong> manipulateur, ce que j’en<br />

pouvais penser <strong>et</strong> quel<strong>le</strong> pouvait être ma réponse.<br />

— Si c’est votre souhait, Moussu Pierre… répondis-je en<br />

m’inclinant.<br />

— Mais ça va nous r<strong>et</strong>arder, objecta Samson.<br />

— Si peu, Samson, répliqua mon maître, Margot n’est pas<br />

bien lourde, ce n’est pas comme prendre en croupe la Maligou<br />

ou Barberine. Le cheval de Miroul a de l’allant <strong>et</strong> ne fatigue<br />

guère, il est p<strong>et</strong>it mais robuste, <strong>et</strong> ne saurait pâtir de c<strong>et</strong>te<br />

gentil<strong>le</strong> surcharge. N’est-ce pas, Miroul ?<br />

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