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L'avers et le revers

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Ceci ne laissa pas de m’étonner mais je n’eus <strong>le</strong> temps d’y<br />

réfléchir plus avant que Faujan<strong>et</strong>, allongé sur <strong>le</strong> sol, <strong>le</strong> ciseau à<br />

bois en main, <strong>et</strong> voyant que je ne sou<strong>le</strong>vais plus suffisamment la<br />

porte, s’écria :<br />

— Et comment que je vais œuvrer, moi, si <strong>le</strong> drô<strong>le</strong> y me<br />

redresse plus la porte ?<br />

— Tu demandes à Coulondre ! répondit mon maître.<br />

— Y peut pas faire ça avec son bras de fer !<br />

— Tu demandes à Escorgol !<br />

— Il a point <strong>le</strong> droit de descendre de sa surveillance !<br />

— Tu demandes à P<strong>et</strong>remol ?<br />

— Il répare des harnais à l’écurie !<br />

— Tu demandes à Cabusse !<br />

— Il est point encore arrivé !<br />

— Aux jumeaux Siorac !<br />

— Ils récurent <strong>le</strong>s fossés !<br />

— Ah, sanguienne, tu commences à m’échauffer <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s,<br />

Faujan<strong>et</strong> ! Eh bien, tu demandes aux garces ! À deux, Barberine<br />

<strong>et</strong> la Maligou, el<strong>le</strong>s la soulèveront ta porte !<br />

Et sans plus attendre, mon maître tourna <strong>le</strong>s talons, ce qui<br />

m’obligea à lâcher tout à p<strong>le</strong>in <strong>le</strong> lourd montant, <strong>et</strong> je détalai<br />

illico, non sans entendre Faujan<strong>et</strong> lâcher une bordée d’injures à<br />

l’encontre de c<strong>et</strong>te maison où « personne, oncques, n’aidait<br />

personne ! »<br />

Le baron nous attendait en sa librairie, assis à son bureau, <strong>et</strong><br />

tenant une l<strong>et</strong>tre cach<strong>et</strong>ée à la main. Il sourit à son fils quand il<br />

<strong>le</strong> vit entrer <strong>et</strong> lui désigna une chaise, tandis que je restai<br />

debout, à la droite de mon maître, mais un peu en r<strong>et</strong>rait.<br />

— Mon fils, s’occuper du domaine de Mespech est une bel<strong>le</strong><br />

<strong>et</strong> bonne chose, <strong>et</strong> je vous félicite avec Samson d’y montrer tant<br />

d’ardeur. Mais il vous faut aussi, maintenant que <strong>le</strong> pays est<br />

débarrassé de la peste, <strong>et</strong> que <strong>le</strong>s gueux de Sarlat ont été occis,<br />

que vous goûtiez à d’autres devoirs, qui sont ceux de sortir de sa<br />

tanière, de voir du monde, de causer a<strong>le</strong>ntour, en un mot de<br />

vous faire connaître, car <strong>le</strong>s gens n’aiment point tant <strong>le</strong>s noms<br />

que quand ils ont mis un visage dessus <strong>et</strong> savent à qui ils ont<br />

affaire. Ceci, je <strong>le</strong> dis pour plus tard, car si nul ne peut prédire<br />

encore ce que vous ferez de votre existence, vous savez que je<br />

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