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L'avers et le revers

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devions peser comme deux moineaux sur <strong>le</strong> dos de ce robuste<br />

p<strong>et</strong>it cheval.<br />

Margot se colla délicieusement contre moi, enserrant<br />

fortement ma tail<strong>le</strong> de ses deux bras, posant <strong>le</strong> menton sur mon<br />

épau<strong>le</strong> <strong>et</strong>, ce galop, je <strong>le</strong> tiens encore amoureusement en ma<br />

remembrance comme une chaude <strong>et</strong> douce intimité avec c<strong>et</strong>te<br />

bel<strong>le</strong> garce, <strong>et</strong> la perfide pensée me vint que c’était moi qu’el<strong>le</strong><br />

serrait ainsi, <strong>et</strong> non mon maître, qui l’eût certainement souhaité<br />

tout autant.<br />

Puis, pour non pas fatiguer trop <strong>le</strong>s chevaux, nous fîmes du<br />

trot, ce qui nous secoua prou la Margot <strong>et</strong> moi, <strong>et</strong> nous fit<br />

beaucoup rire, avant que de passer au pas derechef pour<br />

reprendre <strong>le</strong> même train de sénateur romain. C’est merveil<strong>le</strong> de<br />

penser que la Margot, qui oncques n’était montée à cheval de sa<br />

vie, sauta sur celui-là sans peur aucune, avec la simp<strong>le</strong> certitude<br />

qu’il suffirait de se cramponner à votre Miroul pour ne pas<br />

tomber. Du reste, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> fit bien, avec force <strong>et</strong> sans pudeur, à<br />

mon plus grand ravissement, <strong>et</strong> point ne chuta sur <strong>le</strong> sol !<br />

À l’approche de Sarlat, <strong>le</strong> chemin alla s’élargissant <strong>et</strong> nous<br />

croisâmes plusieurs convois qui s’en revenaient de la cité. Il<br />

était sur <strong>le</strong> coup de la midi quand nous pénétrâmes dans<br />

l’enceinte <strong>et</strong> je sentais, aux vives pressions des doigts de Margot<br />

sur mes flancs, son ardente excitation d’atteindre enfin au but<br />

de tant <strong>et</strong> tant d’enfantines rêveries. Je comprenais bien ce<br />

qu’el<strong>le</strong> ressentait car, si l’occasion m’avait déjà été donnée<br />

d’al<strong>le</strong>r une fois en c<strong>et</strong>te grande <strong>et</strong> bel<strong>le</strong> vil<strong>le</strong>, ce n’était que pour<br />

un bien triste <strong>et</strong> cruel engagement, sans nul<strong>le</strong>ment voir la cité<br />

animée comme ce jour, avec tant de presse encombrant ses<br />

étroites ruel<strong>le</strong>s, c<strong>et</strong>te bruyante <strong>et</strong> constante animation, <strong>et</strong> ce<br />

curieux mélange de bourgeois étoffés <strong>et</strong> de mendiants<br />

enguenillés.<br />

Mon maître s’informa, auprès de quelque gautier <strong>et</strong><br />

guillaume, de l’hôtel particulier où logeait M. de La Porte <strong>et</strong><br />

quand nous l’eûmes découvert, après quelques tours <strong>et</strong> détours<br />

car on se perd vite dans ces entrelacs de rues <strong>et</strong> de venel<strong>le</strong>s, il<br />

tomba au bas de son cheval, m’en confia <strong>le</strong>s rênes <strong>et</strong> s’en alla<br />

causer avec <strong>le</strong>s deux gardes qui se trouvaient là en faction.<br />

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