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L'avers et le revers

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— Je vous en prie, ce point, vous me <strong>le</strong> reprochez assez<br />

souvent <strong>et</strong> je bats ma coulpe, toujours <strong>et</strong> à chaque fois. Tenonsnous-en<br />

aux griefs du jour.<br />

— Quant à Pierre, vous l’entr<strong>et</strong>enez presque chaque jour de<br />

la matière de médecine avec un tel entrain <strong>et</strong> enthousiasme que<br />

cela peine votre aîné car ne se peut qu’il ne <strong>le</strong> remarque.<br />

— Je pourvois à son éducation, <strong>et</strong> c’est bien naturel puisqu’il<br />

n’aura ni <strong>le</strong> domaine ni <strong>le</strong> titre.<br />

— Fort bien. Mais ne <strong>le</strong> soutenez donc pas à chaque querel<strong>le</strong><br />

avec son aîné, c<strong>et</strong>te attitude ne pouvant que <strong>le</strong> renforcer dans sa<br />

contestation de la règ<strong>le</strong> <strong>et</strong> du droit d’aînesse. Respectez une<br />

juste balance <strong>et</strong> ne déposez pas toujours votre appui sur <strong>le</strong><br />

même plateau, vous aideriez ainsi son tempérament à être<br />

moins tumultuaire, à s’assagir, <strong>et</strong> peut-être aussi à ne pas vous<br />

imiter en tout, comme la véritab<strong>le</strong> ido<strong>le</strong> que vous êtes à ses<br />

yeux !<br />

— Qu’est-ce à dire ? dit Jean de Siorac sur <strong>le</strong> ton <strong>le</strong> plus<br />

froid.<br />

— Que, modè<strong>le</strong>, vous ne pouvez point l’être ! Et que<br />

l’exemp<strong>le</strong> que vous donnez avec <strong>le</strong>s garces, <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ne<br />

peuvent faire un pas sans sentir sur el<strong>le</strong>s votre souff<strong>le</strong>, est<br />

indigne d’un bon chrétien <strong>et</strong> que je crains fort qu’il n’ait déjà<br />

déteint sur votre fils adoré !<br />

— Dites-en plus, je vous prie. Sont-ce ragots <strong>et</strong> clabaudages<br />

de la Maligou dont nous allons causer asteure ?<br />

— Que nenni, ce n’est point là ragots de la Maligou <strong>et</strong> il ne<br />

faut pas avoir vue trop perçante pour constater que Pierre a déjà<br />

commencé à imiter votre assez détestab<strong>le</strong> pratique de butiner<br />

parmi <strong>le</strong> domestique !<br />

— Vraiment ?<br />

Et là, contre toute attente, <strong>le</strong> baron se mit à s’esbouffer<br />

comme si on lui faisait découvrir une émerveillab<strong>le</strong> histori<strong>et</strong>te.<br />

— Et puis-je savoir avec qui ? ajouta-t-il.<br />

— La p<strong>et</strong>ite Hélix ! Tel qui voit <strong>le</strong> père, connaît <strong>le</strong> fils ! Et riez<br />

tandis que de mon côtel je prie <strong>et</strong> pour votre âme <strong>et</strong> pour la<br />

sienne !<br />

— La p<strong>et</strong>ite Hélix… répéta Jean de Siorac sur un ton qui me<br />

parut plus songeur que ma<strong>le</strong>ngroin.<br />

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