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L'avers et le revers

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un à un tous <strong>le</strong>s échelons jusqu’au grade de capitaine <strong>et</strong> à<br />

l’anoblissement comme écuyer, en compagnie de Jean de<br />

Sauv<strong>et</strong>erre. Enfin, après la batail<strong>le</strong> de Cériso<strong>le</strong>s, il fut nommé<br />

chevalier pour son ardeur <strong>et</strong> sa bravoure au combat. Le titre de<br />

baron fut acquis plus tard, en 1557, au siège de Calais, où Jean<br />

de Siorac reprit temporairement du service, à l’appel du roi<br />

Henri II, alors qu’il avait déjà cessé toute activité militaire pour<br />

s’établir à Mespech avec Jean de Sauv<strong>et</strong>erre. De c<strong>et</strong>te carrière<br />

militaire qui <strong>le</strong> mena jusqu’au titre de baron, Jean de Siorac<br />

n’avait qu’à se glorifier. Pourtant, jamais il ne dépassa<br />

l’amertume de n’avoir pu devenir médecin tout à fait, par la<br />

faute de son caractère impulsif <strong>et</strong> généreux, <strong>et</strong> en conçut un de<br />

ces regr<strong>et</strong>s éternels que tout homme cultive quand, une fois <strong>le</strong>s<br />

opportunités passées, il j<strong>et</strong>te un œil en arrière pour juger de ce<br />

qu’il a accompli.<br />

Ce regr<strong>et</strong> travaillait si fort Jean de Siorac qu’il avait toujours<br />

songé à Pierre pour en atténuer <strong>le</strong> pâtiment, <strong>le</strong> poussant vers la<br />

médecine depuis ses plus vertes années <strong>et</strong> l’instruisant presque<br />

au quotidien sur <strong>le</strong>s intempéries, humeurs <strong>et</strong> fièvres, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

remèdes à administrer pour <strong>le</strong>s guérir. Pierre qui portait à son<br />

père une admiration sans limite faisait tout ce qui était en son<br />

pouvoir pour justifier l’affection que son héros lui dispensait, <strong>et</strong><br />

avait embrassé avec passion <strong>le</strong> même amour de la médecine.<br />

Vous aurez compris qu’il était dans l’idée du baron<br />

d’expédier Pierre, accompagné de Samson, en la vil<strong>le</strong> de<br />

Montpellier, pour suivre ses propres traces, <strong>et</strong> au-delà, pour<br />

devenir médecin véritab<strong>le</strong>. Or, Jean de Siorac s’apensait avec<br />

raison que l’entreprise serait plus aisée si, à ses deux fils, dont <strong>le</strong><br />

plus doux ne pouvait guère protéger <strong>le</strong> plus audacieux, il<br />

adjoignait un val<strong>et</strong> fidè<strong>le</strong> qui <strong>le</strong>s servirait, <strong>le</strong>s déchargeant ainsi<br />

des pesantes besognes quotidiennes, <strong>et</strong> à l’occasion, veil<strong>le</strong>rait<br />

sur eux. Qu’il ait décelé en moi, en un temps si court, la<br />

personne capab<strong>le</strong> d’être celui-là, <strong>et</strong> saisi tout à p<strong>le</strong>in c<strong>et</strong>te<br />

opportunité, me ravit encore, <strong>et</strong> pour un peu m<strong>et</strong>trait à mal ma<br />

modestie, si je n’étais de ceux qui ont la tête sur <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s <strong>et</strong> ne<br />

se la laissent pas tourner à la première louange venue. Quoi<br />

qu’il en soit, il faut rendre hommage à la clairvoyance du baron<br />

qui envisageait de si loin l’avenir de son fils, lors que celui-ci<br />

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