ARCHIVES BERBÈRES et BULLETIN DE L'INSTITUT DES HAUTES ...

8Ôet le caïd de Salé qui leur amènent des montures. Le ministre de Franceest reçu par le sultan à plusieurs reprises; chaque fois le vice-consull'accompagneet lui sert d'interprète. Durant plus d'une semaine, Beaumier vitainsi au milieu de ses compatriotes, dont la présence donne à la maisonconsulaire une animation qu'elle n'a jamais connue.A cette époque d'ailleurs, la situation n'est plus la même que dix ansauparavant. Quand Beaumier est arrivé sur les bords· du Bou Regreg, lenom français y était redouté, depuis le .bombardement de Salé, survenule 21 novembre 1851, à la suite du pillage d'un de nos navires par lesSalétins. Mais il y était aussi franchement détesté, en raison des maladressesde certains de nos agents. ou de leurs employés juifs et de la propagandeanglaise. On fuyait le vice-consulat de France, on le montrait du doigtcomme « un lieu où se tramaient toutes sortes d'iniquités )l.En quelques années, Beaumier change complètement cette situation.On sait dans le pays qu'il habite le Maroc depuis longtemps, qu'il a voyagéavec de grands personnages et que c'est un /qih - un savant - qui lit.et écrit l'arabe. A la suite de ses efforts constants, nos marins, nos commerçants,nos protégés sont respectés et estimés; notre commerce sedéveloppe et notre vice-consul acquiert personnellement une autorité etmême un prestige incontestables.il a la confiance des autorités locales, caïd et administrateurs des douanes.Le premier le consulte dans toutes les situations difficiles et le prend mêmecomme arbitre dans les affaires les plus délicates. Mohammed Benzacour,le principal des fonctionnaires de la douane, est un personnage important,qui correspond directement. avec le sultan; il fait maintes confidences àBeaumier, chez lequel d'ailleurs il passe souvent la soirée. On trouve dessentiments identiques chez les chefs religieux, car ils n'ignoren.t pas quel'agent français est .en relations suivies avec plusieurs chérifs influents, dontcelui d'Ouezzane..Notre vice-consul est en excellents termes avec certains hauts fonctionnairesdu makhzen central et les voyageurs de marque qui passent à Rabatne manquent pas d'aller le voir. Ils sont toujours parfaitement accueillis,tel le fils du gouverneur du Gharb, pour qui Mme Heaumier joue au pianodes valses de Strauss et qui se voit offrir un superbe Coran doré sur tranches,imprimé à P~ris·.Près des populations, l'ascendant de Beaumier est aussi profond. Cha-