ARCHIVES BERBÈRES et BULLETIN DE L'INSTITUT DES HAUTES ...

QUELQUES DOCUMENTS INf:DITS SUR LE MAROC (1670-1680)io~avoist faict arestter dans le port de SalIez (1), lequel a obteneu moyenantun presant qui luy a falleu fere. Il me marque d'avoir veu le sieur RollandFreieux qui est allé pour le mizérable dessain d'Alborzème, mais qui n'apeut n'en avenser et se va constraint d'aller se réfugier à Touttoan pour yvendre le peut de merchandizes qu'il avest portté (2).Je suis obligé de fère scavoir à Vostre Grandeur qu'un vaisseau françoisparty de Bayonne est allé à SalIez tout chargé de fer travaillé propre àfrabicquer dé vaisseau, se qui est conttre le reglement de Vostre Grandeur ;mesristteret une punision examplaire. Ils et vré que le merchand qu il l'aenvoyé se treuve aussy puny, parsse que ayant mis dessus un de ses enfans,il se renié et faict More et comme ils a represèntté au roy Arachy que vaisseauet chargement apartenet à son pèr~, il le luy a loué et toutes les apositionque le consul luy aye sen fere hont esté inuctille. Se mizérable enfana armé se vaisseau [pour] sorttir de Sallez pour le course (3).C'é, Monsegneur, tout se que je ay creu dire à Vostre Grandeur sur lesadvis de se pays de Maurich~nie, en quallité de,Monsegneur,Vosttre très-humble et très"obeissant servitteur.Signé: H. PRAT.Archives Nationales. - Marine C 7 259, dossier Prat. - Original.(1) La nouvelle de cette saisie parait confirmée par le passage suivant d'une lettre du consul de Franceà Cadix, Pierre de Catalan, à Colbert en date du 18 mal 1671 : « Il y a blen·dé jours qui n'est venu deSalet auqu'une de nos petites embarcations... On dit qu'II (Moulay Er-Rechld) en a retenu là quelque5·unes.... Sources inédites. 2 e Série, France, t. 1, p. 353.(2) Le personnage dont il est question Ici n'était autre que le Marseillais Roland Fréjus. Dès 1664, ilavait été un des membres les plus actifs de la Compagnie d'Albouzème, ainsi appelée parce qu'elle avait étéautorisée à créer, dans la baie d'Alhucemas, un établissement jouissant du privilège exclusif du commercedans cette région. Envoyé au Maroc en 1666, Fréjus s'était rendu à Taza où Moulay er-Rcchid lui avait·fait un excellent accueil, mais les belles promesses du Chérif et l'optimisme de son hôte n'empêchèrent pasla Compagnie d'Albouzème de péricliter et celle-ci fut absorbée le 1 er juillet 1670 par la Compagnie duLevant. Cette société maintint sa confiance en Fréjus qui fut hhargé·d'une seconde mission auprèsdu sultan.Venu à Fès au printemps de 1671, FréjUs devait y être la victime d'une malencontreuse aventure. Unrenégat ayant saisi le plan d'une forteresse que Roland Fréjus se proposait de construire sur la plus grandedes Iles d'Alhucemas et l'ayant remis à Moulay er-Rechld, ce dernier fit aussitôt jeter en prison.l'imprudentProvençal. Il fut libéré peu après, mals la Compagnie du Levant renonça à poursuiVre ses opérations commercialesau Maroc d'où elle rapatria ses agents et ses fonds. Il y a lieu de remarquer ici que les nouvellespeu enthousiastes que Prat communiquait à Colbert sur les affaires de Roland Fréjus diffèrent beaucoupde celles que celui-ci faisait parvenir à ses directeurs à la même époque. Sur Roland Fréjus et la Compagnied'Albouzème, v. Sources inédites, 2 e Série, France, t. l, p. 86 et n. 2, pp. 97-113, 118-188, p. 294, n. 1,pp. 313-314, 342, 355, 361, pp. 391-393, p. 395 et n. 1 et p. 403 et n. 1.(3) Le «misérable enfant. dont parle Prat ne semble pas avoir tiré longtemps profit de son escroquerieet de son reniement, car nous lisons dans le document en date du mois d'aoftt 1671 déjà cité supra, p. 108,n. 2, les lignes suivantes qui paraissent s'appliquer à lui: « Navires perdus à la coste de Salé... Une prisearmée en guerre de 2 pièces de canon et 2 pierriés·et de 100 hommes d'équipage, commendée par un reniébayonnois s'est perdue à Mogador••