ARCHIVES BERBÈRES et BULLETIN DE L'INSTITUT DES HAUTES ...

AUGUSTE BEAUMIER 57charge et les archives consulaires témoignent de son activité. Il enregistredes déclarations, fait des sommations et des notifications, reçoit des prestatioIisde serment, des actes de saisie-arrêt, etc. A la suite du naufrage,dans la nuit du 5 au 6 avril 1847, d'un brick de commerce belge, l'Octavie,il procède même, durant quatre jours, à la vente aux enchères publiquesdes marchandises, agrès et apparaulx du navire, vente qui rapporte unesomme de dix-huit mille sept cent vingt-six francs vingt centimes.Quand Soulange-Bodin et son collaborateur débarquent à Mogador,·ils n'y trouvent que trois européens : le vice-consul d'Angleterre, celuid'Espagne et Bolelli. Par suite, les occasions de sortir ou les distractionssont rares et Beaumier occupe ses loisirs à des travaux personnels. C'estainsi qu'il rédige deux intéressants tnémoires, renfermant de curieuxdétails, l'un sur l'influence des marabouts dans le sud du Maroc et l'autresur la région du Dra. En outre, il continue son étude de la langue arabe.Il apprend un jour que la bibliothèque de la Grande Mosquée de Marrakechpossède la copie d'un manuscrit arabe, le Roudh el-Kartas. Cet ouvragequi passe pour être' l'œuvre d'un nommé Ibn Abi Zar, relate l'histoirede l'Occident musulman depuis le milieu du VIlle siècle jusqu'en 1326;tous les arabisants le connaissent, mais aucune traduction française n'ena jamais été publiée. Beaumier est sans,fortune et ne perçoit qu'un traitementde quinze cents francs par an. Il n'hésite cependant pas à faire prendreune copie de ce manuscrit par un taleb de Mogador, qu'il envoie exprèsdans la capitale du sud et qu'il rénumère de ses deniers personnels. Puis,quand il est en possession du document, il en entreprend la traduction.Dès le mois de juillet 1846, Soulange.,.Bodin avait signalé au ministredes affaires ~trangères les mérites de son jeune collaborateur. Il demandaitson intégration régulière dansles cadres de l'administration, ce qui serait,écrivait-il, « une excellente, même une rare acquisition ». Son désir seréalisa un an plus tard. Le 11 juillet 1847, à vingt-quatre ans seulement,Auguste Beaumier est nommé drogman-chancelier titulaire du ~onsulatde France à Mogador et va justifier pleinement la faveur dont il fait l'objet.En effet, Soulange-Bodin, part en congé, au mois de mai 1848 et notre .drogman est chargé des fonctions de consul intérimaire, qu'il remplitdurant dix mois. Ses dépêches claires. et précises, ses rapports très documentéssur le commerce et l'avenir de Mogador, les solutions par lui proposéesaux difficultés qui se présentent, le souci de dignité avec lequel